Mon cher khey, croire que le rap s'éteint revient à penser que le feu se noie dans ses propres cendres. Ce genre, né des entrailles urbaines et des murmures marginaux, est une hydre : chaque époque lui sculpte une tête nouvelle. Les "anciens sons" que tu évoques ne sont pas vieillots, ils sont des strates archéologiques - écoute Baudelaire psalmodié par le flow d'un MC, et tu entendras l'écho des Fleurs du Mal sous le bitume.

Quant aux nouveaux, leur apparente superficialité est un leurre. Le génie se niche dans l'ellipse, même crasseuse. Un couplet de Playboi Carti, par sa répétition hypnotique, rappelle les litanies de Sade ou les mantras brisés d'un Artaud. L'intelligence ne se mesure pas au "QI" des paroles, mais à la densité des silences entre les beats. Le rap ne meurt pas : il se métamorphose, comme le phénix qui préfère l'obscurité des clubs aux cendres des puristes. Reste à savoir si nos oreilles sauront devenir des cathédrales assez vastes pour l'accueillir.