En déplacement à Londres cette semaine pour le sommet sur la sécurité énergétique organisé par l'Agence internationale de l'énergie, le ministre français de l'Energie, Marc Ferracci, en a profité pour mettre un coup de pression sur Londres. Paris demande que le Royaume-Uni soutienne EDF pour enfin boucler le financement des deux projets de construction de nouveaux réacteurs nucléaires au coeur du projet de décarbonation de l'énergie outre-Manche.

Son cabinet a ainsi demandé au gouvernement de Keir Starmer de « combler le déficit de financement » des deux réacteurs EPR qu'EDF construit sur le site de Hinkley Point, dans le Somerset .

Ce chantier qui doit produire de l'électricité à l'horizon 2030 est de fait désormais uniquement à la charge d'EDF. Et ce, depuis le retrait de son partenaire chinois CGN. Or, ce retrait a été provoqué par le gouvernement britannique lui-même, rappelle le cabinet de Marc Ferracci, qui, en conséquences, demande à Londres de « prendre ses responsabilités quant au financement de ce projet ». Son coût à terminaison est désormais estimé entre 32,1 et 46,5 milliards de livres, soit 30 % de plus que l'estimation de mai 2022.

Mais un soutien pécuniaire de Londres à la construction de nouveaux réacteurs nucléaires sur le site de Sizewell - l'autre projet phare d'EDF dont le feu vert est attendu en juin - est également dans la ligne de mire du ministre français de l'Energie. « La France et EDF se sont engagés à livrer ces projets mais il faut trouver un moyen de consolider le financement des deux », a expliqué Marc Ferracci au « Financial Times ». Le coût des deux réacteurs de Sizewell atteindrait désormais un budget prévisionnel de 40 milliards selon certains. Un chiffre qu'EDF n'a pas confirmé à ce stade

Le gouvernement britannique a exclu l'investisseur chinois CGN (China General Nuclear Power Corp) de Sizewell pour des raisons de sécurité. Dans la foulée, CGN a décidé en 2023 de ne plus injecter d'argent dans Hinkley Point, projet pourtant déjà bien engagé. Or, face à la facture croissante et aux retards de construction qui s'accumulent sur ce chantier, les financiers privés, que Londres veut privilégier pour ne pas mettre la main à la poche, ne se bousculent pas, au contraire…

En République tchèque ou en Suède, la puissance publique met la main à la poche. Le camp français veut que ce soit le cas outre-Manche. Côté Royaume-Uni, dans un contexte de finances publiques extrêmement tendu, le pouvoir est d'autant plus prudent à financer ces réacteurs EPR que leur facture ne cesse de s'alourdir.