Alors qu'il n'était que sénateur, l'empereur Philippe l'Arabe l'envoie sur le front Danubien s'occuper de Pacatien, général révolté réclamant pour lui la pourpre. Mais avant même qu'il n'arrive en Mésie, Pacatien est assassiné par ses propres troupes. On pourrait croire que l'histoire s'arrête ici. Que tout rentre dans l'ordre et que le sénateur, accompagné de ses hommes, reprendrait le chemin pour Rome.

Mais que nenni.

À la grande surprise du sénateur Dèce, fort émerveillées par sa rigueur et sa discipline, les légions danubiennes le proclament alors empereur. Dèce Auguste ! Dèce Auguste ! Il n'avait pourtant jamais voulu de la pourpre et, lui qui avait fait vœu de loyauté indéfectible à l'égard de son maître et souverain Philippe, qui était au demeurant son ami, cet était de choses le plongeait dans une situation plus qu'embarrassante. Pris d'affolement, il tenta aussitôt de s'expliquer à l'empereur, arguant que tout n'était qu'un simple malentendu, qu'il ne romprait jamais la confiance et l'amitié que tous deux se partageaient, et qu'il ne lui viendrait jamais à l'idée d'usurper l'office impérial. Il ne faisait que se montrer faussement conciliant à l'égard de ses légions, feignant d'accepter leur demande, pour mieux ensuite les ramener à l'obéissance.

Mais Philippe ne voulut rien entendre. Il prit alors la tête d'une grande armée et marcha aussitôt contre Dèce, voulant éviter que cette nouvelle usurpation prenne une ampleur délirante. Mais ce fut peine perdue : il ne se passait pas un seul jour sans qu'une nouvelle province se ralliât à la cause de Dèce.
Les deux armées se rencontrèrent sous le ciel pesant de Vérone, dans le nord de l'Italie. Deux figures, deux volontés, deux destins : l'un, Philippe, empereur contesté, portait la fatigue d'un règne troublé ; l'autre, Dèce, général austère, drapé dans la vertu rigide de Rome, brandissait l'étendard du renouveau. La poussière soulevée par les légions obscurcissait les bannières, tandis que le choc des glaives résonnait comme un chant funèbre. Philippe, acculé par l'indiscipline et les murmures de trahison, voyait ses lignes se briser sous le poids de la ferveur des troupes danubiennes, galvanisées par la rigueur et l'aura presque sacrée de Dèce.

Sous la lumière déclinante, l'histoire sembla suspendre son souffle lorsque, au milieu des rangs disloqués, la figure impériale de Philippe vacilla. Le sang de l'Arabie mêlé à la poussière italienne scella la chute d'un règne, tandis que Dèce, victorieux, s'élevait non seulement comme général, mais comme nouvel Auguste, porteur du lourd fardeau de Rome.

Après Philippe a lui-même fait buter Gordien III, donc ni pardon ni oubli.