Et oui. Oubliez 476.

C'est lorsque l'expédition visant à reprendre Carthage (et l'Afrique du Nord) sur les Vandales se solde par un échec cuisant que l'empire Romain d'occident signe son arrêt de mort. Celui-ci, déjà amputé de ses possessions en Gaule et en Hispanie et des ressources fiscales qui vont avec, devait compter avec les revenus fournis par la seule péninsule italienne pour garantir sa survie et le blé de Sardaigne et de Sicile (qui font régulièrement l'objet de raids de pillage par les Vandales) pour approvisionner sa population.

Le diocèse d'Afrique, lui, était très riche. Il était à l'empire d'occident ce que l'Égypte était à l'empire d'orient : un formidable grenier à blé capable de ravitailler l'empire tout entier ! Les revenus fiscaux qu'il générait constituaient une ressource essentielle pour le financement des campagnes militaires.

Forcément, conscient de l'enjeu qui se jouait à ce moment précis, le monde romain avait su mettre ses différends de côté pour unir, à l'occasion de cette expédition, toutes ses forces, ses moyens et ses ressources.

Et pourtant... l'expédition se solde par un échec cuisant. La flotte Romaine est anéantie et dispersée par les navires incendiaires Vandales. Tout ce que le monde Romain, en particulier Constantinople, avait investi d'argent et de ressources dans cette flotte est ruiné. Cet épisode rappelle celui de Carthago Nova, en 460, où la flotte réunie par Majorien avait connu un sort identique.

Les caisses de l'empire d'Orient sont dès lors vides. Celui-ci même est en faillite, complètement paralysé et incapable de mener la moindre action. Ce n'est pas un hasard s'il se révélera, à partir de là, incapable de porter aide et secours à la partie occidentale de l'empire comme elle avait pourtant su le faire par le passé. Ravenne, livrée à elle-même, s'engage alors dans une période de lente agonie, à la merci des dissensions internes et des barbares qui lui grignotent le peu de territoires qui lui restent.