Vous connaissez la LIMERENCE ?

Tu penses : Je te veux.
Je te veux pour toujours, maintenant, hier et à jamais.
Par-dessus tout, je veux que tu me veuilles.

Peu importe où je suis ou ce que je fais, je ne suis pas à l'abri de ton sortilège. À tout moment, l'image de ton visage souriant, le son de ta voix me disant que tu tiens à moi, ou la sensation de ta main dans la mienne peuvent soudainement envahir ma conscience, évinçant tout le reste sans ménagement.

L'expression « penser à toi » ne parvient pas à exprimer ni la qualité ni la quantité de cette activité mentale involontaire. « Obsédé » s'en rapproche davantage, mais ne transmet pas la douleur qui l'accompagne. Un enfant est obsédé la veille de Noël. Mais c'est une obsession joyeuse, remplie d'excitation, de curiosité et d'attente. La mienne est des montagnes russes émotionnelles, me portant des sommets de l'extase aux profondeurs du désespoir. Et inversement.

Je supporte d'avoir d'autres pensées lorsque je le dois, mais une concentration prolongée sur un autre sujet est difficile à tolérer. Je dois admettre qu'il m'est arrivé, à de rares occasions, qu'un divertissement ou une distraction submerge la pensée de toi. Pendant un instant, j'ai été libéré de ma douleur et j'ai pu t'apercevoir sous un nouvel angle. (Ces rares moments m'ont offert un aperçu de la réalité qui m'est habituellement inaccessible.)

Tout me rappelle à toi. J'essaie de lire, mais quatre fois par page, un simple mot déclenche une fulgurante chaîne d'associations qui m'arrache à mon travail, et je dois lutter pour ramener mon attention à la tâche en cours. Souvent, je renonce sans peine, quitte mon bureau et me jette sur mon lit, où mon corps reste immobile tandis que mon imagination tisse de longues et complexes raisons de croire que tu m'aimes.

ça vient de love and limerence de Dorothy Tennov, ça vous parle ?

La limérence possède certains éléments fondamentaux :

- Des pensées envahissantes à propos de l'objet de votre désir passionné (l'objet limerent ou "OL"), qui est un partenaire sexuel potentiel.

- Un désir intense de réciprocité.

- Une dépendance de l'humeur aux actions de l'OL ou, plus précisément, à votre interprétation de ses actions en fonction de la probabilité de réciprocité.

- L'incapacité à éprouver un état limerent envers plus d'une personne à la fois (des exceptions peuvent survenir uniquement lorsque la limérence est à son plus bas niveau, au début ou lors de son déclin final).

- Un soulagement bref et passager de la passion limerente non réciproque à travers l'imagination vive d'une action de l'OL qui signifierait une réciprocité.

- Une peur du rejet et parfois une timidité paralysante, mais toujours déstabilisante, en présence de l'OL, surtout au début et à chaque moment d'incertitude.

- Une intensification due à l'adversité (du moins, jusqu'à un certain point).

- Une sensibilité aiguë à tout acte, pensée ou situation pouvant être interprétés favorablement, ainsi qu'une capacité extraordinaire à imaginer ou inventer des explications « raisonnables » pour justifier que ce qu'un observateur neutre percevrait comme de l'indifférence est en réalité un signe de passion cachée chez l'OL.

- Une sensation de serrement au niveau du « cœur » (une zone située au centre avant de la poitrine) lorsque l'incertitude est forte.

- Une légèreté euphorique (l'impression de marcher sur un nuage) lorsque la réciprocité semble évidente.

- Une intensité émotionnelle générale reléguant les autres préoccupations au second plan.

- Une capacité remarquable à mettre en valeur ce qui est réellement admirable chez l'OL et à éviter de se concentrer sur ses aspects négatifs, voire à ressentir une compassion pour ces aspects négatifs et à les transformer, émotionnellement sinon rationnellement, en attributs positifs.