Je suis pas vraiment d'accord.

Je dirai que ce qui a éventuellement un peu mal vieilli, ce sont certaines références qu'on pensait intemporels mais qui sont restés ancrés dans les années 90 ou, éventuellement, plus anciennes mais qui n'ont pas passé l'an 2000. Mais le film a justement l'intelligence de ne pas appuyer les technologies récentes de l'époque ou les références culturelles trop ancrées années 80/90.
Je dirai aussi qu'un problème dont souffre le film mais qui n'y est pour rien, c'est que Clavier a exploité à mort l'humour Jacquouille/Jacquart et qui est aujourd'hui l'a rendu insupportable pour ne pas dire irregardable.

Par contre, sur beaucoup d'aspects, le premier a très bien vieilli (pas le deuxième), du au fait qu'il était même en avance sur son temps et reprend des thèmes universels.
Concernant l'avance sur son temps, pour le meilleur mais surtout pour le pire, Poiré avait privilégié un montage très haché qui, dans le cas des Visiteurs I, fonctionne grâce à son énergie mais aussi sa pertinence (la situation est chaotique et ingérable et les cuts frénétiques permettent un duo improbable mêlant comédie et stress).

Concernant les thèmes universels, Poiré a aussi eu l'audace d'associer plusieurs éléments parfois jugés comme contradictoires afin d'attirer tout le public. Certes, c'est ancré dans son époque également (le début caricature le Robin des Bois de Costner par exemple) mais rares sont les films qui savent équilibrer la dose de prout et d'hémoglobine (le film débute quand même sur une décapitation à l'épée ). Auquel s'ajoute les éléments évidents: la famille, la lutte des classes et un discours critique sur notre époque sans pour autant basculer dans le propos réactionnaire car Poiré adopte une posture similaire sur le "lourd Moyen Age". De fait, les gags à base de prout et de casse nous feront plus rire aujourd'hui. Par contre, le fait que même Godefroy se fasse matraquer, littéralement, par 15 policiers dans la quasi-gratuité la plus totale... D'une certaine manière, c'est drôle

Sans dire que le propos est forcément intelligent ni qu'il pousse à la réflexion, ce n'est pas le but du film qui s'en sert de base pour sa comédie, il a justement le mérite d'exister, de traverser les époques et de faciliter la compréhension des personnages.
Et sur ce point, malgré les apparences, le film se montre fin en présentant pour chaque personnage ses qualités et ses défauts. Tous représentant à quelques subtilités près les archétypes de leurs époques. Ce qui participe à avoir un discours plus fin sur chaque époque, où rien est idéalisé ni fondamentalement rejeté. Godefroy par exemple, il a beau être l'archétype du chevalier de roman, il a aussi les défauts du noble tel qu'on se l'imagine avec notre imaginaire alimenté par la Révolution. Pour Jacquouille en revanche, on a l'exact opposé: on imagine un guignol complètement inadapté mais on se rend compte qu'il est très malin, au sens littéral.