Il manque la prise de droite, son corps bascule vers la gauche. Il met sa main droite sur la main gauche, en un suprême effort il arrive à monter le pied droit.
Etant presque à l'horizontale, les clés de sa Citroën C3 82 ch PureTech glissent de sa poche et tombent sur le tapis. Puis c'est l'ensemble du contenu de ses poches qui se déversent sur le tapis en une série de clinquements étouffés. Ainsi pendu par les mains, CELESTIN ressemble à un jambon Serrano qui aurait été oublié dans une cave après la salaison.
Il tente de saisir la prise avec sa main droite mais sa main ne se referme que sur du vide.
Il retombe sur le dos tel une tortue des Galapagos.
« C'est à vous ? »
GERALDINE lui tend ses clés avec un regard amusé.
« Vous devriez commencer par vous échauffer sur des voies plus faciles ».
Mais CELESTIN n'écoute déjà plus. Il cherche LOUISE des yeux.
Il finit par l'apercevoir en train de discuter avec MATTHEO, elle semble rire à une de ses remarques.
MATTHEO se met à grimper et CELESTIN en profite pour aborder LOUISE.
« Tu sais que tu ressembles à un elfe ? »

LOUISE lui lance un regard glacial et détourne les yeux vers Mathéo et ses muscles saillants.
« On dirait un gobelin de Skyrim dopé aux potions magiques » remarque perfidement CELESTIN.

MATTHEO retombe sur le sol et LOUISE se met à grimper sur la voie qu'il vient de faire.
« Tu peux prendre en inversé cette prise à droite… »
CELESTIN se sent obligé d'intervenir :
« Sinon il y a une prise à droite je ne sais pas si tu l'as vue… »
MATTHEO éclate de rire :
« C'est une prise de pied ! Et en plus ce n'est pas de la bonne couleur »

Décontenancée par les conseils contradictoires prodigués par les deux rivaux, LOUISE rate sa prise et chute lourdement. Elle s'éloigne rapidement non sans jeter un regard noir à CELESTIN. Quant à MATTHEO, il n'en tient pas rigueur à notre vierge héros et continue à s'entraîner.

CELESTIN reprend ses esprits et se lance à la recherche de LOUISE. Il ne la voit pas sur le tapis et se résigne à l'avoir perdu, quand soudain, il l'aperçoit au salon lounge en train de parler avec JEAN-PASCAL qui lui propose de lui faire découvrir les grands crus de Bourgogne dans sa Lotus Elan mais avant cela de définir de faire plus ample connaissance autour d'un dîner une fois qu'il aura ramené TIMEO et OLYMPE chez leur mère.

CELESTIN est submergé par la jalousie, il cherche frénétiquement une autre femme qu'il pourrait aborder, mais elles semblent toutes avec leur petit ami. Il repense à GERALDINE et se met à la chercher en faisant le tour des tapis. Elle n'était pas si mal pour son âge, après tout… Il l'aperçoit enfin sur le mur, ses genoux pliés faisant ressortir sa croupe galbée dans des yoga pants au motif léopard. Elle se laisse retomber sur le sol et c'est à cette occasion que CELESTIN remarque qu'elle ne porte qu'un soutien-gorge et qu'en touchant le sol cela a fait rebondir ses seins.

CELESTIN se dirige vers GERALDINE d'un pas décidé, le regard rivé sur cette paire de loches qui semble défier les lois de la gravité. Arrivé à sa hauteur, il tente d'engager la conversation, mais les mots ne sortent pas. Il se contente de bredouiller un "Euh... Bonjour..." accompagné d'un sourire crispé.
CELESTIN, pris au dépourvu, se lance dans une explication confuse sur leur brève rencontre plus tôt dans la journée, et les conseils avisés qu'elle lui a prodigués.
GERALDINE l'écoute avec un sourire amusé, se doutant bien que les motivations du jeune homme ne sont pas purement sportives.
« Quand je t'ai vu je me suis dit que ça devait être ta première fois, que ça ne devait pas être facile et j'ai essayé de t'aider. D'ailleurs, moi aussi j'ai encore beaucoup à apprendre ! » dit-elle en souriant.
Soudain, un homme s'approche en souriant et CELESTIN le reconnaît immédiatement. C'est MATTHEO.
« Je vais prendre un cours particulier de yoga chez MATTHEO. Je manque encore beaucoup de souplesse », ajoute-t-elle en gloussant.
Célestin, humilié par cette rebuffade publique, se sent rougir jusqu'aux oreilles. Il baisse les yeux, murmure un « excusez-moi » et s'éloigne en maudissant sa malchance. Il regagne le salon lounge, déprimé et vaincu. La salle d'escalade, qui lui avait semblé être un paradis terrestre quelques heures plus tôt, s'est transformée en un véritable enfer.
Il s'affale sur un canapé, l'esprit vide, le regard perdu dans le vague. Soudain, il sent une présence à ses côtés. Il lève les yeux et découvre un homme bedonnant, avec un collier de barbe et un T-shirt « un geek ne vieillit pas, il level up ».

« Super ton T-shirt ! C'est quoi ton album préféré de Megadeth ? »