Le signe le plus visible de l'échec de la détermination collective à vaincre la Russie a été la décision de ne pas saisir les actifs financiers russes gelés dans les banques occidentales, mais plutôt de les utiliser comme garantie pour contracter un prêt beaucoup plus petit. Certes, il y aurait eu un risque théorique de saper la confiance dans le système financier dominé par l'Occident, mais peu de pays sont encore prêts à confier leur épargne à des banques chinoises ou indiennes. De plus, cela aurait envoyé un message à Poutine pour qu'il n'envahisse pas d'autres pays.

À quoi ressemblerait une Ukraine trahie ? Au moins, il conserverait environ 82 % de son territoire. Un Occident coupable fournirait sans aucun doute de l'aide pour reconstruire les infrastructures. On pourrait lui donner une voie vers une éventuelle adhésion à l'UE (à moins que cette option n'ait été négociée à la table des négociations), mais rejoindre le club occidental pourrait avoir perdu de son attrait à ce moment-là. Les oligarques corrompus de l'Ukraine sortiraient de leur hibernation. Le vieux cynisme post-soviétique remplacerait l'enthousiasme juvénile de la génération Maïdan. Il y aurait de l'antagonisme envers ceux qui reviennent de l'étranger après avoir évité le combat, et - bien sûr - des milliers de familles en deuil.