L'opion de Carl Gustav Jung qui parle sur le communisme et le capitalisme

OP
SC

SireConference

il y a 9 mois

Malgré les apparences d'une émancipation plus grande des individus dans le bloc de l'ouest que dans celui de l'est, Jung estime que les uns comme les autres sont soumis à un profond conditionnement social.

« Les deux camps qui se partagent le monde ont en commun une finalité matérialiste et collectiviste et à tous deux il manque ce qui exprime l'homme en totalité, ce qui le promeut, le construit, le fait vibrer, le rend sensible, c'est-à-dire en bref ce qui met l'être individuel au centre de toute chose comme mesure, réalité et justification. »

Dans les deux cas, le rationalisme commet les mêmes ravages : dès lors que les individus croient que la science, l'économie et la technique vont les conduire vers « le progrès », ils se coupent de toute vie intérieure et ne se préoccupent plus que de leur confort matériel et de ce qui pourrait leur garantir la sécurité : l'État.

L'expérience religieuse qui, jusqu'alors, permettait aux humains de ne pas se laisser impressionner par les événements extérieurs, se retrouve dévalorisée par les performances scientifiques et techniques mais celles-ci ne sont en définitive que des leurres, des sources d'illusion : elles ne peuvent suffire à procurer aux hommes un sens à leur existence.

Toutefois, cette perspective réductionniste n'est pas inéluctable. La voie indiquée par Jung pour échapper au déterminisme social consiste à porter le regard vers les « profondeurs » du Soi, afin d'intégrer les énergies qu'il recèle. Cette démarche, qu'il appelle « processus d'individuation », est la condition préalable à tout équilibre entre individu et société.

La doctrine de l'État se voulant toute-puissante est aussi administrée et organisée au nom de et par la raison d'État. Au-dessus de ces hauts postes il n'existe pas d'instance contraignante puisqu'ils incarnent la raison d'État même. Ces hommes aux hauts postes sont “les esclaves de leur propre fiction. Or, une pareille unilatéralité est toujours contrebalancée et compensée par des tendances inconscientes subversives”, comme les phénomènes d'esclavage et de rébellion toujours corrélatifs.

Les mouvements sociaux et politiques qui se fondent sur cette fiction visent à se libérer eux-mêmes et à libérer les individus de la masse de toutes les limitations possibles, limitations qui sont pour Jung nécessaires. Les religions font partie des limitations à neutraliser pour ce qu'elles comprennent de données irrationnelles auxquelles les hommes se soumettent, et “qui ne se rapportent pas directement à des conditions sociales et physiques, mais qui émanent bien davantage du fond et de l'attitude psychique de l'individu.” Il devient impossible d'avoir un avis sur quelque chose d'extérieur quand toutes les données viennent justement de l'extérieur. Les religions fourniraient une base aux individus qui les aide à décider, à développer des opinions et à prendre des distances sur l'extérieur. Elles constituent une autorité opposée à celle du “monde”, et communiquent des exigences divines absolues à l'homme qui, aussi dans cette voie, peut se perdre lui-même d'une manière tout autant radicale.

Jung fait la distinction entre la “confession” et la “religion” : “La confession en effet, par un acte de foi, affirme une certaine conviction collective, alors que le mot religion, lui, exprime une relation subjective du sujet avec certains facteurs métaphysiques, extra-temporels. La confession, pour l'essentiel, est une profession de foi à la face du monde, et, de ce fait, une affaire temporelle, alors que le sens et le but de la religion résident dans la relation de l'individu à Dieu (Christianisme, Judaïsme, Islam) ou dans la recherche de la libération (Bouddhisme).” La responsabilité individuelle devant Dieu (la religion) s'efface pour une morale conventionnelle (la confession) et l'embrasser relève plus du social que de la religion.

Les confessions sont de plus en plus codifiées, fortifiées par leur doctrine, et leur extériorité est si forte que leur essence religieuse se perd. Les Églises n'assument plus de façon suffisante leur tâche : acheminer l'être individuel dans la renaissance en esprit. La confession estime le degré d'engagement religieux subjectif à l'ardeur de la doctrine traditionnelle. La confession coïncide avec l'Église d'État en formant une institution publique qui regroupe des vrais croyants et des croyants par habitude et tradition, soit indifférents au religieux.

OP
SC

SireConference

il y a 9 mois

Pour Jung, l'autonomie, la liberté de l'individu, se fonde sur la conscience empirique “c'est-à-dire l'expérience indiscutables d'une interrelation on ne peut plus personnelle entre l'homme et une instance qui n'est pas du monde, relation qui seule est capable de faire contrepoids au monde et à ses raisons.”

L'État met les moyens éducatifs, laïcs et organisés, pour amener l'homme à la raison, au concret, au rationnel, et accorde l'existence légitime aux seuls individus qui acceptent d'être une unité de l'État. Pour s'affirmer devant l'État sans embrasser sa logique, l'homme doit avoir recours à son expérience intérieure pour se sauver de la masse collective et de ses suggestions.

Si l'État dictatorial absorbe l'individu qui se dissout dans la masse, il a aussi le pouvoir d'accaparer les forces religieuses de l'homme. L'État se met à la place de Dieu “et c'est pourquoi, dans cette optique, les dictatures socialistes sont des religions au sein desquelles l'esclavage d'État est un genre de culte divin17.” Mais cette substitution n'est pas sans effet car psychologiquement vont se produire des réflexions, des réactions. L'État tend à détruire ce doute pour éviter le conflit ouvert avec la “massification” et maintenir la fiction d'État. Le fanatisme apparaît alors comme mouvement de surcompensation pour réduire et détruire toute sorte d'opposition, en érigeant la raison d'État en profession de foi, avec un chef devenu demi-dieu, héros ou martyr, dès lors “il n'existe plus qu'une vérité, hors de laquelle point de salut. Elle est infaillible et par-delà toute critique”.

Avec l'État comme principe suprême, englué dans la masse, la fonction religieuse de l'individu anonymisé est noyée dans le tourbillon alors même qu'elle permet de conserver l'équilibre psychique.

Si la fonction de la magie ou de la religion a depuis toujours apporté réconfort et assistance à l'homme, l'État reprend ses symboles et ses rites pour montrer sa puissance en suggérant un sentiment collectif de sécurité, qui, contrairement à la religion, ne “fournit à l'individu aucune protection contre ses démons intérieurs.” ce qui va renforcer son attachement à la masse, à l'État, succombant ainsi pleinement aux influences collectives auxquelles il s'adonnera intérieurement. Quand un État prend de telles proportions, il prépare le chemin de la tyrannie en transformant la liberté de l'individu en esclavage physique et spirituel.

Les buts religieux (libération du mal, absolution des péchés, accès au paradis) transformés en promesses sociales et économiques (justice sociale, droit du travail en faveur des employés, meilleur niveau de vie) sont encore une analogie. La “massification” donne un but extra-temporel résumant la destinée humaine à une croyance uniquement terrestre. Seulement, la fonction religieuse est si ancienne et constitutive de l'humain que même passée sous silence, elle resurgit tôt ou tard comme dans l'État dictatorial : “L'État dictatorial a non seulement détruit les fondements du droit citoyen, mais il l'a en outre privé de ses bases spirituelles en le dépouillant de la justification métaphysique de son existence.” En effet, le manque d'équilibre est compensé par l'idée ou l'espoir d'une vie idéale communautaire mais dont la valeur n'est que la moyenne intellectuelle et morale des êtres la composant, ce qui ne peut pas la conduire au-delà de sa propre suggestion.

P3

Pangolin30ieme

il y a 9 mois

Résumax?

EB

Ebullition

il y a 9 mois

Bref, dans tous les cas, il n'y a que les teubés qui se créent leur propre enfer.

OP
SC

SireConference

il y a 9 mois


Résumax?

La fiction de l'état a prit la place des religions traditionnelles qui sont mortes.

Les institutions religieuses actuelles rejettent le sacré (qui est un truc individuel) et préfèrent être des clubs sociaux (tournées vers le collectif).

Le communisme et le capitalisme sont deux fictions qui laissent de côté la quête de sens de l'être humain en l'encourageant à chercher avant tout le confort matériel ce qui ne le satisfera jamais entièrement. Ce faisant ces deux régimes cherchent à détruire l'individu au profit du collectif pour satisfaire la raison d'état.

Ce qui fait que l'individu se révoltera inévitablement envers la société qui se veut rationnelle et cartésienne en la remplaçant par un dictateur irrationnel empreint d'une sorte de caractère mystique qui cherchera à la détruire entièrement.

Bref, le désenchantement du monde entraîne des conséquences très mauvaises que ce soit pour le communisme ou le capitalisme.

OP
SC

SireConference

il y a 9 mois


Résumax?

La fiction de l'état a prit la place des religions traditionnelles qui sont mortes.

Les institutions religieuses actuelles rejettent le sacré (qui est un truc individuel) et préfèrent être des clubs sociaux (tournées vers le collectif).

Le communisme et le capitalisme sont deux fictions qui laissent de côté la quête de sens de l'être humain en l'encourageant à chercher avant tout le confort matériel ce qui ne le satisfera jamais entièrement. Ce faisant ces deux régimes cherchent à détruire l'individu au profit du collectif pour satisfaire la raison d'état.

Ce qui fait que l'individu se révoltera inévitablement envers la société qui se veut rationnelle et cartésienne en la remplaçant par un dictateur irrationnel empreint de mysticisme qui cherchera à la détruire entièrement.

Bref, le désenchantement du monde entraîne des conséquences très mauvaises que ce soit pour le communisme ou le capitalisme.

BL

BakoLeGenerale3

il y a 9 mois

Les deux derniers paragraphes sont lourds de sens

BL

BakoLeGenerale3

il y a 9 mois


Bref, dans tous les cas, il n'y a que les teubés qui se créent leur propre enfer.

C'est à dire tu peux développer ?

OP
SC

SireConference

il y a 9 mois

Il pense aussi que ce désenchantement du monde est la source du fanatisme religieux.

Parce que l'univers spirituel des occidentaux est tellement vide que n'importe quelle idéologie fanatique peut s'y insérer facilement par contamination.

La spiritualité est une compréhension symbolique du monde. Sans posséder ce genre de compréhension on se met à comprendre la mythologie au pied de la lettre. Tout devient littéral (plutôt que des métaphores) et c'est ainsi que les fanatiques émergent.

OP
SC

SireConference

il y a 9 mois

« De plus en plus la responsabilité morale de l'individu est remplacée par la raison d'État. À la place d'une différenciation morale et spirituelle de l'individu surgissent la prospérité publique et l'augmentation du niveau de vie. Dans cette perspective, le but et le sens de la vie individuelle ne résident plus dans le développement et la maturation de l'individu, mais dans l'accomplissement d'une raison d'État, imposée à l'homme du dehors. L'individu se voit de privé de plus en plus des décisions morales, de la conduite et de la responsabilité de sa vie. En contrepartie, il est - en tant qu'unité sociale - régenté, administré, nourri, vêtu, éduqué, logé dans des unités d'habitation confortables et conformes, amusé selon une organisation des loisirs préfabriquée... l'ensemble culminant dans une satisfaction et un bien-être des masses, qui constitue le critère idéal. »

« L'homme est l'esclave et la victime des machines qui conquièrent pour lui l'espace et le temps. Il est opprimé et menacé au suprême degré par la puissance de ses techniques de guerre qui devraient protéger et assurer son existence physique. »

« Le but religieux, libération du mal, réconciliation avec Dieu et récompense dans l'au-delà, se transforme sur le plan étatique en promesses d'ici-bas : libération des soucis du pain quotidien, répartition équitable des biens matériels, bien-être général dans un futur pas trop lointain, réduction des heures de travail. »

BL

BakoLeGenerale3

il y a 9 mois

Merci pour le partage l'auteur
Jung avait une intuition hors normes

OP
SC

SireConference

il y a 9 mois

« De plus en plus la responsabilité morale de l'individu est remplacée par la raison d'État. À la place d'une différenciation morale et spirituelle de l'individu surgissent la prospérité publique et l'augmentation du niveau de vie. Dans cette perspective, le but et le sens de la vie individuelle ne résident plus dans le développement et la maturation de l'individu, mais dans l'accomplissement d'une raison d'État, imposée à l'homme du dehors. L'individu se voit de privé de plus en plus des décisions morales, de la conduite et de la responsabilité de sa vie. En contrepartie, il est - en tant qu'unité sociale - régenté, administré, nourri, vêtu, éduqué, logé dans des unités d'habitation confortables et conformes, amusé selon une organisation des loisirs préfabriquée... l'ensemble culminant dans une satisfaction et un bien-être des masses, qui constitue le critère idéal. »

« L'homme est l'esclave et la victime des machines qui conquièrent pour lui l'espace et le temps. Il est opprimé et menacé au suprême degré par la puissance de ses techniques de guerre qui devraient protéger et assurer son existence physique. »

« Le but religieux, libération du mal, réconciliation avec Dieu et récompense dans l'au-delà, se transforme sur le plan étatique en promesses d'ici-bas : libération des soucis du pain quotidien, répartition équitable des biens matériels, bien-être général dans un futur pas trop lointain, réduction des heures de travail. »