La noise que vostre langue frele et babillarde nous cause en céans surpasse en nuisance les harangues d'un vil crieur à la foire de Lendit.

Si bien est que l'on se doibt merveiller de vostre nom et lignage, car il semble qu'aucun en nostre compaignie ne vous ayt oncques veu, non plus qu'ouy parler de vous.

Seroit-ce donc que vostre venue n'a pour fin que d'estre veu et qu'on vous salue, tel quelque fol de Cour, avide de gloire vaine, que l'on souffre à peine mais que nul ne prise ?

Or, vostre maintien nous pèse, tant vostre faconde est importune, et vostre continuelle presse à vous rendre notable nous contraint à vous requérir que prestement vous vous délogez. Car plus longuement endurer vostre présence seroit grief au sens et offense à toute civilité.

Touteffoiz, en dépit du tort qu'on pourroit vous tenir, et pour ce que n'avons point d'ame si dure qu'elle ne sçache avoir pitié d'un paovre hère en mal d'existence, nous vous souhaitons paix et doulx repos, là où vostre chemin vous mectra, soit en l'ombre d'une taverne, soit en la fosse d'un cimetière.