Je suis paki, et j'ai toujours été invisible pour les autres. Depuis que je suis enfant, j'ai appris à vivre avec mon apparence qui, aux yeux des gens, semble repousser. Les moqueries, les regards gênés… Tout cela, j'y suis habitué. Mais avec cette racli, c'était différent. Elle était mon amie, mon rayon de soleil dans une vie marquée par la solitude. Pourtant, même elle finit par me voir autrement.

Je l'aime. Elle me regarde avec ce sourire qui illumine son visage, et dans ces moments-là, j'oublie tout. J'oublie même à quel point je peux être perçu comme "hideux".

Mais dès que nous sommes dans un endroit public, tout change. Ses rires s'éteignent, son sourire s'efface, et elle me fuit. Elle trouve toujours une excuse pour marcher loin de moi, pour éviter que l'on nous voit ensemble. J'ai bien remarqué la façon dont elle scrute autour d'elle, espérant sans doute que personne ne l'associe à celui que tout le monde évite.

Les premiers jours, je me disais que ce n'était qu'un malentendu, que ce comportement était une coïncidence. Mais cela s'est reproduit, encore et encore. Un jour au café, elle a aperçu un groupe d'amis en commun. D'un coup, elle s'est éloignée de moi avec une rapidité qui m'a laissé sans voix. Ce fut comme un coup de couteau. Elle ne me disait rien, mais son silence, son geste parlaient bien plus fort. À ses yeux, j'étais devenu une gêne, un poids dont elle devait se débarrasser dès qu'elle craignait d'être vue en ma compagnie.

Et moi, que fais-je? Je fais semblant de ne rien voir, de ne rien savoir. Chaque jour, je me persuade que tout ira mieux, que si elle prend ses distances en public, ce n'est pas par honte. Je me dis que peut-être, elle ressent quelque chose de plus pour moi, mais qu'elle ne sait pas comment le gérer. Mais au fond, je sais. Je sais que ce n'est pas la réalité. Elle ne m'aime pas, elle a honte de moi.

Malgré tout, je continue à être son ami, espérant qu'un jour, quelque chose changera. Que peut-être, par miracle, elle me verra comme je suis vraiment, au-delà de ce que les autres perçoivent. Mais chaque jour qui passe, je sens que cet espoir s'effrite un peu plus.

elle avait pas à faire ça