C'est ça le pire dans mon histoire : j'avais tout pour réussir. J'étais pas dans la galère. Mes parents sont mariés, on est une famille stable, pas de drames. Ils sont même plutôt riches. On partait dans de beaux hôtels, on n'a jamais manqué de rien. Je suis pas né dans la misère. J'avais une vie “normale”, voire enviable pour beaucoup. J'avais une moyenne correcte, rien d'exceptionnel, mais j'étais pas un mauvais élève. On disait que j'avais un avenir. Que j'étais bien parti.

Mais tout ça, tout ce potentiel, toute cette chance, ça n'a servi à rien. Parce que mon physique a tout détruit. C'est ça qui a tout niqué. C'est mon apparence qui m'a enfermé dans une vie où je n'ai jamais été choisi, jamais aimé, jamais regardé comme les autres. Et même si certains me trouvent “normal”, je sais que ça ne suffira jamais. Jamais. Pas pour avoir la vie que je voulais. Pas pour qu'on m'aime comme j'aurais voulu être aimé. Pas pour me sentir à ma place.

J'ai essayé sport, fringues, chirurgie. J'ai tout donné. J'ai mis tout mon argent là-dedans. J'ai parié toute ma vie sur ce combat. Je me suis dit : si je peux devenir “beau”, peut-être que je pourrais enfin vivre comme les autres. Peut-être que je pourrais enfin respirer. Mais non. J'ai tout dépensé, et ça n'a rien changé. J'ai plus rien maintenant. Plus de fric. Plus d'options. Plus d'espoir.

Et le pire, c'est que je vois les autres avancer. Les filles de ma classe, que j'ai ajoutées sur Insta récemment… elles m'ont même pas accepté. Rien. Comme si j'existais pas. Et maintenant je les vois, dans leurs stories, vivre une vie parfaite. Elles sont belles, entourées, aimées. Elles ont des copains, elles voyagent, elles sortent. Elles vivent ce que moi je ne vivrai jamais. Moi je regarde ça, seul, bloqué, inutile. Comme un figurant dans ma propre vie.

J'ai jamais eu de copine. Jamais eu ce moment où quelqu'un te regarde avec envie, avec tendresse. J'ai rien connu de tout ça. Et aujourd'hui, je sais que c'est trop tard. C'est fini. J'ai tout donné. Et ce n'était pas suffisant. Même si je suis “ok”, même si j'existe, même si je suis là… ce ne sera jamais assez. J'ai tout essayé, et j'ai perdu. Et maintenant, je dois vivre avec ça. Ou plutôt… survivre avec ça.