Pour rappel.

En 1974, Mitterrand se présente comme candidat unique de la gauche. Il échoue de peu mais la gauche prend sa revanche en 1981. Sauf que le programme commun ne tenait pas et a été rompu en 1977. Mitterrand reprend malgré tout une grande partie du programme. C'est ce qu'on appellera les 110 propositions pour la France. Parmi ces mesures on retiendra l'abrogation de la peine de mort, l'augmentation de SMIC, un plan de relance keynésienne et surtout beaucoup de nationalisations d'entreprises. En 1972 on est dans les 30 glorieuses. La croissance économique est bonne, l'exode rurale se poursuit, les villes se développent et la consommation se développe. Le niveau de vie des français s'améliore et le chômage baisse.

Mais en 1973 il y a le premier choc pétrolier, le chômage monte en flèche tout comme l'inflation tandis que la France se désindustrialise. Du coup le programme commun prévu pour une situation de croissance économique devient plus difficile à appliquer. Les finances publiques se détériorent et on assiste à une fuite de capitaux. Mitterrand se retrouve face à 2 choix, soit sortir du système monétaire européen soit comme Léon Blum en 1937, faire une pause dans les réformes. Autrement dit mettre en place une politique d'austérité et renonce au programme commun. Le tournant rigueur prend place dès 1983 même si intellectuellement dès 1982 c'était dans les têtes. Cela se traduit par des blocages des prix et des salaires, des privatisations. Bien des électeurs se sentent trahis. Les ouvriers, base électorale du PS et du PCF, commencent à se détacher de Mitterrand et consort. Pour compenser la perte du peuple du travail, le PS se tourne vers la nouvelle gauche, celle de mai 1968. Ce n'est plus une gauche sociale mais une gauche sociétale, celle que le philosophe et sociologue français Jean Pierre Le Goffe nomme la gauche culturelle. On se désintéresse des classes populaires et on se tourne vers le libéralisme des moeurs. La promesse collectiviste se transforme en droit de l'hommisme poussé à l'extrême. Le prolétaire français est remplacé désormais par l'immigré ou le sans papier. On assiste aussi à une révolution culturelle censée changer les mentalités en terme de moeurs, de sexualité privé, d'éduction, le tout en se concentrant principalement sur les nouvelles générations. On assiste à la montée d'un individualisme profond. L'autre grand abandon des classes populaires par la gauche a été en 2011 avec la note Terranova intitulée : " Gauche, quelle majorité pour 2012? " Une note de 82 pages qui peut se résumer à : " Rien à foutre du prolétariat vu qu'il ne vote plus pour nous. Faisons plutôt une coalition entre diplômés, jeunes, féministes, minorités et quartiers chauds.

On a la nouvelle gauche qui a transformée notre génération en une génération de SJW d'une susceptibilité exacerbée vivant dans un monde parallèle et ne voyant qu'à travers le prisme d'opprimé/oppresseur, ne supportant pas la contradiction et insultant de facho, raciste ou qu'en veut tu ceux qui ne pensent pas comme eux. Bref, si la classe ouvrière et les employés ont arrêté de voter à gauche c'est qu'ils ne se sentaient plus représenter à juste titre par les élites politiques gauchistes considérés à juste titre comme étant déconnectés des réalités du monde ouvrier, préférant se concentrer sur des questions identitaires ou écologiques même si c'est souvent de l'écologisme à 2 balles et du racialisme de bas étage, souvent au détriment des préoccupations économiques immédiates des travailleurs. Malgré le retour de la gauche au pouvoir avec Hollande, les inégalités sociales n'ont pas diminuées, au contraire, de même que l'insécurité. Après avoir déclaré que son adversaire était le monde de la finance, Hollande s'était engagé dans le crédit d'impôt pour la compétitivité et l'emploi, le CICE. Puis il y a eu le pacte de responsabilité et solidarité, une version élargie du CICE. C'était tout sauf hostile au capital en plus d'être un cadeau aux grandes entreprises. En plus de la progression de l'insécurité financière et sociale, il y a eu l'augmentation de l'insécurité physique. Au lieu de s'attarder sur des idéaux lointains, les français veulent un état qui sache les protéger et faire son boulot correctement. Or c'est assez compliqué pour une grande partie de la gauche dont le programme repose sur le déni de la réalité.

A partir de ce moment là, il est facile d'expliquer la logique des campagnes qui votent RN.