Mecs qui ne se respectent pas. Wyylde

OP
UN

Unterchad

il y a un mois

Poème sur des chiens dans un gangbang

Ils rampent à tes chevilles enflées
Où ils espèrent picorer
Des miettes de ton attention.
Pourtant ils savent, ces toutous,
Qu'ils n'apparaissent pas du tout
Dans ton royal champ de vision.

Ils ne sont pas très-bien-montés,
Font moins d'un mètre quatre-vingt,
Ils ne sont pas des mâles alpha,
Ils n'ont pas la mâchoire carrée.

Leurs flatteries inefficaces,
Leur dignité anéantie,
Mais tout de même ils continuent
À espérer dans des gang bangs
Pouvoir toucher un bout de chair -
Téton flétri ou petit cul.

Invisibles ou au mieux objets,
Rien d'humain autour de leur bite,
Leur main parmi douze autres mains,
Comme tous ces prolos droitardés,
Ces numéros, ces matrixés
Qui aspirent très volontiers
La baguette magique du maître -
Créatrice d'emplois, merci -,
Qui avec force zèle boivent -
Et jusqu'à la dernière goutte -
Le jet de sperme patronal
Quand ils reçoivent l'ordre « Avale ! ».

Oui ce doux breuvage est magique :
Il faut sans cesse le marteler
Sur tous les plateaux de télé :
Il est un « créateur d'emplois ».

Ils persistent à croire dans les mythes :
« Main invisible du marché »,
« Concurrence libre et non faussée »,
« Théorie du ruissellement »,
Alors que tout ce qui ruisselle
Sur ces prolétaires droitardés,
C'est la queue de la bourgeoisie
Qu'elle leur enfonce jusqu'à la glotte,
Alors qu'ils ne sont que rouages,
Matière première du Capital,
Fusibles, pions, ressources humaines,
Bientôt mûrs pour le front d'Ukraine.

À supposer qu'ils passent le filtre
De tes panneaux sens interdit,
Ils ne pourront pas aspirer
À plus de considération
Qu'être une case d'agenda.

Le tri n'est pas encore fini
Car tu veux des « candidatures »,
Des lettres de motivation
Et des contrôles de références.
Album ouvert, ou non, fermé,
Assis, papatte, debout, couché,
Prouvez votre virilité.

Il leur faudra être sportifs,
Dans leur approche, originaux,
Avoir de beaux abdominaux
Pour espérer sortir du lot,
Ils devront être dominants,
Avoir l'esprit entreprenant,
Bander dur et être endurants,
Tandis que tu peux être grasse
Et même moche comme un pou,
Avoir une grosse chatte dégueulasse,
Des seins qui pendent jusqu'aux genoux.

Eh ! Gare à la grossophobie !
Il faut dire « ronde » et « pulpeuse »,
Ou bien « aux formes généreuses ».
Les filles fines sont-elles avares,
Leurs fesses carrées, triangulaires ?

Tant d'euphémismes hypocrites,
Quand on lit tes critères racistes :
« Je n'aime pas le chocolat noir »,
Et l'autre version, « Black only ».

Moi je ne te toucherai pas,
Pas même avec un long bâton,
Et pas même si tu me payais.
Ta bouée, ta cyprine infecte,
Ton melon et ton âme abjecte,
Non merci je préfère crever.