Ma grand mère a été emportée par un cancer lymphatique foudroyant en quelques mois

Je me rappelle avoir passé le Noël avec elle et tout allait bien puis, alors que je m'apprêtais à la revoir quelques jours plus tard, elle m'a demandé de pas passer chez elle car elle était bien trop fatiguée.

Je ne la revis que 2 semaines plus tard... à l'hôpital. C'est alors que je compris que c'était fini pour elle. La tumeur l'affaiblissant considérablement et l'empêchant de s'alimenter, je savais que ses jours étaient comptés.

Les semaines qui suivirent furent marquées par des allers retours entre l'EPHAD où mon grand père avait été placé et l'hôpital dans lequel ma grand mère était prise en charge.

Mon grand-père étant atteint d'une démence sénile, il était impossible de le laisser tout seul.

Il n'avait jamais été agressif mais sa mémoire à court terme n'était plus. Impossible pour lui de savoir ce qu'il venait de commander au restaurant ni même quel jour, quel mois ou quelle année nous étions. Cela n'avait jamais posé de problème dans la mesure où ma grand mère s'en était toujours occupé avec soin

Lui même se mettant en retrait lors des repas de famille sachant qu'il avait un problème de mémoire, il était très taiseux afin de ne pas fatiguer ma grand mère, sans quoi il aurait posé systématiquement les mêmes questions en boucle.

A chaque fois que je venais le voir je lui réexpliquais la situation. Pourquoi il était là, ce qu'il en était de ma grand mère, etc... Il était très stressé par la situation. Aussi, j'avais placé des notes explicatives afin de lui permettre de savoir pourquoi il se réveillait chaque matin dans un endroit qu'il ne connaissait pas loin de sa maison et de son amoureuse.

J'ai appris à connaitre un homme à l'humour assez facétieux. Lui qui ne parlait quasiment jamais avant cet incident. Je déjeunais avec lui et les autres vieux à l'EPHAD. C'était moins pire que ce que je pensais. Le personnel était bienveillant et la nourriture et les locaux étaient de qualité. Les autres pensionnaires n'étaient pas tous désaxés loin de là. Il y avait un ancien directeur d'usine de 97 ans avec lequel mon grand père s'était pris d'amitié et dont je me demandais la raison de sa présence à l'EPHAD... Il était extrêmement vif d'esprit bien qu'obligé de se déplacer en déambulateur

Ma grand mère a finalement rejoint l'EPHAD 1 semaine avant que le cancer l'emporte. Mes deux grands parents purent donc se réunir régulièrement avant leur décès.

Mon grand père fut emporté d'une crise cardiaque le lendemain de l'annonce du décès de son épouse. On retrouvera tout un tas de petits objets qui avait mystérieusement disparus depuis son arrivée dans l'EPHAD comme des couteaux, un badge de service, des piles électriques, un briquet, etc... le tout dans un sac à dos avec les notes que je lui avais écrites.

Il avait également brisé une vitre de sa chambre quelques jours avant son infarctus à croire qu'il avait projeté de s'évader.