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Quelques minutes après sa déambulation dans l'aérogare, Mohamed Amra est ensuite remis, à l'abri des regards, à l'unité du GIGN venue encadrer son retour en France. Dans le même temps, les gendarmes d'élite récupèrent les objets placés sous scellés à l'issue de la perquisition de l'appartement qu'il occupait dans la banlieue de la capitale roumaine : une flotte de téléphones et de cartes SIM, des faux papiers et de l'argent liquide.

Le visage masqué, le Rouennais, 30 ans, embarque alors à bord d'un avion Falcon. Direction l'aérodrome militaire de Villacoublay (Yvelines), à une quinzaine de kilomètres au sud-ouest de Paris. Amra repose le pied sur le sol français vers 18 heures, une quinzaine de jours après avoir quitté l'Hexagone. Sa fuite vers la Roumanie, en voiture et avec deux complices, un Français et un Albanais selon les autorités locales, est en effet située aux alentours du 8 février.
Cette fois, le convoi s'ébroue sous très haute sécurité vers le tribunal de Paris, porte de Clichy. À 20 heures, Mohamed Amra est présenté en début de soirée aux juges d'instruction de la Junalco (juridiction nationale de lutte contre la criminalité organisée) qui lui ont signifié sa mise en examen pour meurtres, tentative de meurtres, évasion, vol et recel de vol, le tout en bande organisée, et association de malfaiteurs.

Depuis l'arrestation d'Amra en Roumanie, près d'une trentaine de personnes soupçonnées d'être impliquées de près ou de loin dans son évasion et dans l'organisation de sa cavale ont été interpellées en France, en Espagne et au Maroc. Une grande majorité d'entre elles devraient, elles aussi, être mises en examen d'ici la fin de semaine.
À la suite de son passage au tribunal de Paris, le narcotrafiquant le plus célèbre de France devait être transporté par les airs vers son nouveau lieu de détention. Lui qui a connu notamment les maisons d'arrêt des Baumettes à Marseille, de la Santé à Paris et d'Évreux au cours de son parcours carcéral, devrait se réveiller ce mercredi matin, selon des sources concordantes, derrière les barreaux de la prison de Condé-sur-Sarthe (Orne).
Mis en service en 2013, cet établissement de haute sécurité dispose de 250 places divisées en trois quartiers indépendants, dont l'un d'entre eux est réservé aux islamistes radicalisés. Avec ses portes dites à effet de sas et ses murs d'enceinte de huit à douze mètres de haut contre six habituellement, ce centre pénitentiaire est réputé comme le plus sûr de France avec celui de Vendin-le-Vieil (Pas-de-Calais).
Hasard du calendrier, c'est justement à Condé-sur-Sarthe que le ministre de la Justice s'est rendu la semaine passée dans le cadre de visites de repérages menés avant de choisir l'établissement où sera incarcérée d'ici l'été la centaine de narcotrafiquants identifiés comme les plus dangereux. Les sites de Vendin-le-Vieil, Saint-Maur (Indre) et Arles (Bouches-du-Rhône) sont également étudiés. « Cette prison parfaitement étanche permettra d'isoler totalement les personnes les plus dangereuses de notre pays pour qu'elles ne commandent pas de points de deal, ne commandent pas d'assassinats, ne corrompent pas les agents pénitentiaires ou n'exercent pas sur eux des menaces ou les assassinent comme ce fut le cas le 14 mai dernier à Incarville lors de l'évasion de monsieur Amra », avait alors déclaré le garde des Sceaux.

Ce mercredi, Gérald Darmanin doit exposer le régime de détention auquel sera soumis Mohamed Amra. Un régime semblable, selon nos informations, à celui imposé dans un premier temps à Salah Abdeslam, le terroriste impliqué dans les attentats du 13 Novembre : surveillance vidéo continue, réveil toutes les deux heures pour prévenir le risque de suicide ou encore privation de tout contact physique avec une personne extérieure.