Ca dépend là aussi du degré de handicap. Etre en chaise roulante, ça veut tout et rien dire.

J'ai une soeur qui est dans un état proche de la tétraplégie à cause d'un accident de voiture qui a provoqué un oedème écrasant sa moelle épinière. Elle peut pas bouger la moindre parcelle de son corps en dessous de la poitrine
Mais elle a pas non plus une utilisation optimale de ses mains (qui sont "au dessus de la poitrine" puisque les nerfs passent par les épaules). Faut en gros se dire qu'elle pourra jouer à un Mario Party mais pas à un Tekken pour illustrer grossièrement. Elle a une façon particulière de tenir les choses dans ses mains et ne peut rien tenir de trop grand (par exemple un gros gobelet du McDo, elle pourra pas bien le chopper sans l'écraser).

Qu'est ce que ça signifie ? Déjà, c'est le degré zéro de l'autonomie. Elle peut pas conduire évidemment. Mais elle n'a pas non plus de contrôle sur ses besoins. Elle pisse "toute seule" si tu préfères et doit se sonder en permanence. Ce n'est que depuis une opération qu'elle peut régler ça seule via une déviation urinaire (elle pisse non plus par le vagin mais par le nombril).
Elle mange pas non plus facilement et, à vrai dire, elle peut à peine cuisiner. Elle partage pas ses grosses galères du quotidien, mais son mari insiste bien sur le fait que même lui doive trouver un emploi compatible avec la situation de ma frangine.

Faut se dire aussi que tout n'est pas adapté à son handicap. Au-delà de l'exercice physique d'une profession même, certaines professions sont également accessibles en théorie mais pas du tout en pratique.
Je prends l'exemple de l'enseignement, et en particulier de l'enseignement supérieur. Beaucoup de facultés ne sont pas adaptés pour qu'une personne en chaise roulante enseigne.
Pourquoi ? Car beaucoup d'amphithéâtres n'ont même pas prévue de voie pour les personnes en chaise roulante. Pour les étudiants, c'est "adapté" en mettant des tables au sommet (faut pas être sourd du coup ). Mais l'enseignant doit occuper l'estrade centrale qui est au bout de l'amphi, mais y'a que des escaliers. Tu vois le truc ? Du coup, si t'es MCF ou professeur d'université, ben tu restes limité à des enseignements spécifiques, en petit comité, dans des salles "normales". Car y'a quand même un ascenseur. C'est le cas de beaucoup d'établissements en France. Publics comme privés.
Et même les bus, c'est pas fait pour. Certaines grandes villes ont adapté les trottoirs en ce but pour qu'une personne puisse entrer dans le bus facilement. Mais sur les lignes moins fréquentés, soit la bordure n'est pas adapté et tu peux pas rentrer, soit c'est le bus qui fait défaut avec, encore, des marches.
Au demeurant, même si le confinement a pas été une expérience si catastrophique qu'on le prétend, enseigner à distance n'est pas encore démocratisé, loin de là. Et ça resterait très inadapté pour de la petite section ou de la primaire. Et même au collège ou au lycée, ça poserait souci quant à l'organisation.

Faut globalement se dire que les seules professions accessibles quand tu es handicapé à ce point, ce sont des professions intellectuelles ET exerçables en pure autonomie. Autrement dit, quand ton handicap ne l'est pas pour l'organisation de l'employeur.
Et même là, faut encore que ce soit une profession compatible avec les compétences que t'as développé tout au long de ta vie. Ce qui n'est pas garanti.
Or à un moment donné, faut choisir sans se contredire. On peut pas à la fois dire "c'est possible" mais se plaindre que les personnes souffrant d'un handicap survenu car "pas de bol" n'y aient pas accès car ils ont pas les compétences requises dus au fait qu'ils se sont spécialisés dans un domaine où le handicap est ce qu'il est. Dans tous les cas, faut investir et, comme d'habitude, ce sera souvent aux frais du contribuable.