Nouvelle dark fantasy en plusieurs parties
13 messages
Mise à jour: il y a 8 mois
LucieH
il y a 8 mois
Pas mal
Neosaiyajin
il y a 8 mois
Ça m'interesse
bacardiryze
il y a 8 mois
L'archevêque lui même avait fait le déplacement. Il se tenait là, en face
d'elle, du bon côté des barreaux. Chatoyant dans ses robes impeccables et
ses ornements d'or, il la toisait de toute sa hauteur. L'ombre de l'homme la
recouvrait presque entièrement. Il avait refusé toute escorte pour descendre
dans le donjon, “Le Seigneur m'accompagne” avait-il rétorqué à la milice qui
le mettait en garde. Il approcha sa torche comme pour mieux l'observer de
son unique oeil d'un bleu pénétrant. Un étrange amalgame de peur et de
fascination s'y lisait.
La sorcière présumée, éprouvée par les viols et les tortures innomables
qu'on lui avait fait subir en l'espace de quelques jours, pendait immobile
aux chaînes qui enserraient ses poignets. La tête penchée en avant, ses longs
cheveux noirs et lisses touchaient presque le sol, masquant à peine un corps
décharné et sanguinolant. La plupart l'aurait déclaré coupable
immédiatement tant elle était effrayante. “Je libère mon âme, mon esprit,
mon corps de tout envoûtement des sorcières, au nom de Jésus.” Déclara
l'archevêque en un signe de croix. “Mes confrères avaient raison, c'est
incontestable. Engeance du démon ! Il émane de toi une telle diablerie que je
prendrait une satisfaction immense à te voir brûler, Ô seigneur pardonne
ma cruauté, mais tu as mis sur mon chemin une telle abomination…”. Les
mains jointes, l'homme désormais à genoux s'inclinait en priant.
Une haleine fétide parvint à ses narines lorsque la femme s'exprima en
un râle suppliant : “Vous faites erreur mon père… je vous en prie… Je vous
en prie !” Sa tête s'était redressée et la terreur se lisait sur le visage de la
femme, auquel collait ses cheveux gras. En un sursaut, l'archevêque se
redressa et fit un pas en arrière. Il tendit un bras au bout duquel il
brandissait un crucifix, en or lui aussi. Il continua de reculer, paniqué, et
trébucha sur le sol pourtant plat. Il hurla, s'enfuit en courant et claqua
derrière lui la porte du donjon. Le silence qui s'ensuivit perdura toute la
nuit, légérement interrompu par les rats qui reprenaient leurs droits dans
cette obscurité totale. La femme perdait alors toute notion d'espace et de
temps, sa conscience à la dérive. Sous ses yeux écaquillés se dessinaient
alors les souvenirs de sa vie passée.
bacardiryze
il y a 8 mois
*
Malenia profitait des derniers rayons de soleil de la journée, assise
sur le petit banc devant sa chaumière. Elle rallumerait bientôt sa cheminée
car l'automne amenait avec lui son lot de froid et d'humidité. Elle n'était pas
particulièrement frileuse, mais la solitude lui avait appris à apprécier la
chaleur d'un bon feu. Vivant à l'orée d'une fôret qui surplombait un village,
elle était l'archétype même de l'ermite esseulée. Elle avait pourtant essayé
des années auparavant de s'y installer, au village. Candé qu'il s'appelait. Ses
parents y avaient habité et elle y avait grandit jusqu'a ses dix-sept ans. Sa
mère, médecin réputée dans la région, l'avait prise sous son aile dès son
plus jeune âge pour lui transmettre son savoir, comme il était de coutûme
dans la famille.
Puis, l'année de ses dix-sept ans, sa mère avait été réquisitionnée à
Angers pour intervenir sur une épidémie dévastatrice que l'on nommerait
plus tard “Peste noire”. Alors elle était partie avec elle, laissant là son père
et son petit frère travailler aux champs. Une pareille saisie des médecins de
la région était une première, aussi n'avait-elle pas eu le choix que de suivre
sa mère lorsqu'avaient été constatés ses talents en médecine malgré son
jeune âge. Dès lors, des années d'hécatombes passèrent. La médecine de ce
siècle était bien impuissante face à cette pandémie. Les traitements
administrés changeaient selon les dernières théories scientifiques, sans
jamais parvenir réellement à soigner les malades. L'Eglise ne tarda pas à
communiquer ses instructions pour se protéger du malin. Malenia
remerciait alors sa mère qui lui avait sans le vouloir légué sa suspicion
envers ces hommes d'Eglise. Si la médecine était impuissante, au moins le
reconnaissait-elle.
Arriva le jour où sa mère contracta la maladie. Elle la voyait alors
dépérir et sut bientôt que rien n'y ferait. Sa mort la dévasta. Elle n'eu
d'autre choix que de quitter la ville, moralement inapte à exercer ses
fonctions. Quelques jours de marche lui suffirent à regagner son village. Le
désespoir qui y régnait à son arrivée la déchira plus encore. Plus de la
moitié de ses habitants avaient péri, et elle appris que son père et son frère
avaient pris les armes pour défendre le Royaume de France face aux
invasions anglaises. Elle regagnait le domicile familial et s'y cloitrait
quelques temps. On ne tarda pas à frapper à sa porte, le retour d'une
médecin ne passait pas inaperçu en ces temps difficiles. Elle refusa d'abord
de répondre aux demandes de soin, de plus en plus nombreuses. Puis son
sens du devoir finit par reprendre le dessus. Elle exerça de nouveau
quelques années encore et, apprenant la mort de ses derniers proches au
front, cessa son activité pour de bon.
Dès lors, elle se consacra à la seule confection de médicaments et élixirs.
Pour se faire, elle revendit le domaine familial et s'installa à l'écart du
village dans une modeste demeure. Elle y avait aménager un laboratoire
complexe qui occupait un tier de la maison. La proximité de la forêt était
idéale pour amasser quelques ingrédients, elle achetait tout le reste.
Jouissant de sa réputation, les affaires allaient bon train et elle descendait
régulierement au village pour écouler ses marchandises. Les cas de peste se
rarefiaient mais les maux de l'Homme ne disparaissaient pas pour autant.
bacardiryze
il y a 8 mois
*
De violents coups résonnaient dans la batîsse. Une main gantée de fer
martelait la porte en bois qui tremblait sur ses gonds. Une voix s'éleva de
l'extérieur : “Malenia Mire, nous savons que vous êtes là, ouvrez cette porte
immédiatement ! Par ordre de Monseigneur de Maine-et-Loire Hugues le
Juste !”. Reveillée en sursaut, Malenia quitta sa couche le coeur battant et
enfila prestement un manteau pour couvrir sa semi-nudité. Elle actionna les
loquets et tourna la clé sans toutefois retirer la chaine de sécurité : une
femme seule n'était jamais trop prudent. Par l'entrebaillement elle distingua
à la lumière de leurs torches deux chevaliers montés, ainsi qu'un émissaire
descendu de son cheval. “Madame, vous êtes priée de nous suivre
immédiatement, vous monterez à mes côtés. Nous chevaucherons toute la
nuit et arriverons dès l'aube.” Il lui présenta le document faisant acte de
cette décision sur lequel paraissait le sceau officiel du Seigneur le Juste.
“Puis-je savoir de quoi il en retourne ?” répondit-elle, hébétée.
“Monseigneur est grâvement malade, le médecin officiel est en déplacement,
vous êtes la personne… compétente la plus proche. En effet, vos années de
travail à Angers vous ont conféré une certaine renomée dans la région. Nous
prions pour que Monseigneur guérisse mais son état ne fait qu'empirer et
ses symptômes nous font penser à… ”, “la peste n'est-ce pas ?”
Compléta-t-elle. “Effectivement, nous sommes informés de votre cessation
d'activité, néanmoins, celà ne vous enlève pas votre savoir.” conclut
l'émissaire. Malenia demanda quelques minutes pour préparer un sac de
premiers secours et ce faisant nota pour elle-même “Comment diable puis-je
guérir cet homme s'il est atteind d'une maladie incurable ?”.
bacardiryze
il y a 8 mois
*
La chevauchée nocturne fut éprouvante. Parvenus dans l'enceinte du
Château de Châteaubriant, on la conduisit dans les appartements
seigneuriaux dès qu'elle mit pied à terre. Les servants qu'elle croisait
avaient l'air inquiet. Elle n'eu pas besoin qu'on lui indique la chambre, une
odeur de putréfaction émanait de la pièce au bout du couloir. L'émissaire la
laissa là et lui souhaita bien du courage.
En approchant, Malenia perçut un chant laconique en fond, une prière.
Passant le pas de la porte, elle vit alors trois prêtres disposés autour du lit,
bible en main. L'un d'entre eux l'aperçut et les autres se retournerent tour à
tour, interrompant leur messe. “De quel droit entrez vous ici ? le seigneur
Hugues n'est pas en état de vous recevoir”. “Je suis guérisseuse, le seigneur
lui-même a fait appel à mes services.” Repondit Malenia, surprise par tant
d'animosité. “Guérisseuse ? Est-ce là une réelle profession ? veuillez sortir
immédiatement ou nous appellerons la garde !” s'agaça le prêtre le plus
proche. “Il suffit ! cette jeune femme dit vrai, j'ai demandé à ce qu'on
m'amène une personne apte à me soigner. De plus, vos prières n'ont fait
qu'ajouter un mal de tête à mes souffrances. Ses traitements seront sans
doute plus efficace que votre incessante litanie. Maintenant sortez et laissez
nous.” Interloqués par les paroles du seigneur Hugues, les trois hommes
obéirent avec un agacement évident et jetèrent un regard noir à celle qui
sans le vouloir avait discrédité leur pratique. “N'en faites rien, ils pensent
pouvoir me guérir par leur simple parole, quelle prétention ! Ils répugnent
la médecine comme le diable.” Ajouta-t-il, épuisé.
Après examen du malade, il ne faisait aucun doute qu'il était touché par
la peste. Des semaines durant, Malenia lui administra un traitement qui
n'avait pour seul but que de réduire la douleur. Elle fit également isoler le
seigneur Hugues pour éviter une propagation de la maladie. Le mal qui le
touchait était tenace et son état de santé se degrada progressivement. Ses
membres inférieurs se couvrèrent de pustules et elles commencèrent à
gagner son torse, son état mental devint également inquiétant. Il parlait
seul, écrivait des notes qui n'avaient guère de sens, et avait des absences de
plus en plus fréquentes. Vint le jour où, dans un éclair de lucidité, Hugues
ordonna à Malenia de mettre fin à ses souffrances. “Seigneur, je ne puis m'y
résoudre ! Cela va à l'encontre des préceptes de ma profession !” Se braqua
t-elle. “Bon sang ! Je suis votre seigneur ! Voulez vous que je vous fasse
condamner pour trahison ? Faites venir les prêtres et seulement eux, qu'ils
soient témoins de ma lâcheté et emportent mon âme auprès de notre
Seigneur Jesus-Christ. Ma fin est arrivée.”
Malenia n'eut pas l'occasion de raisonner son seigneur. Il ne voulait ou
ne pouvait rien entendre. Elle tenta alors en ultime recours d'alerter les
prêtres quant à la folie qui gagnait Hugues. Ils furent rouges de colère.
“Comment osez vous calomnier ainsi Hugues le Juste vîle catin ?! Le diable
vous emporte, vous et vos mixtures, sorcière ! Nous obéissons aux lois du
Seigneur parmis lesquelles figure l'obéissance aux représentant du
Royaume. Vos vaines accusations témoignent de votre incompétence en
matière de guérison. Contentez vous de confectionner un poison indolore
comme il vous l'a été demandé, nous procéderons ce soir.” cracha le prêtre
qui l'avait déjà malmené lors de leur première rencontre.
bacardiryze
il y a 8 mois
Le soleil couché, ils étaient prêts. Se tenait au lit le seigneur Hugues, à
son chevet Malenia. Les trois prêtres en arrière. Ils entamèrent leur
supplique et Monseigneur bu d'une traite l'intégralité de la potion concoctée
par Malenia. Il lui rendit la coupe et la remercia. Les chants chrétiens
continuèrent jusqu'à ce qu'un sommeil profond l'emporte. Le silence revint.
C'est alors que deux des prêtres se jetèrent sur elle tandis que le troisième
s'en fut en courant. Il se rendit à l'église Saint Nicolas et sonna les cloches
comme il était de coutume à la mort d'un seigneur. Les habitants se
réunirent sur le parvis et bientôt une petite foule patientait. Malenia,
retenue par les deux hommes, fut amené de force devant cette dernière. Le
prêtre qui avait courut, celui qui depuis leur rencontre la réprouvait, prit
alors la parole : “Voici Malenia Mire, “guérisseuse” de notre bien-aimé et
désormais regreté seigneur Hugues le Juste ! Cette ribaude vient
d'assassiner sous nos yeux notre bon seigneur à l'aide d'un poison qu'elle a
elle-même élaboré, elle l'a condamné aux enfers pour l'éternité !”
Incrédule, Malenia resta sans voix, surprise par une manoeuvre si
abjecte. Qu'avait-elle fait à ces hommes pour mériter telle manigance ? Elle
n'avait jusque là éprouvé que du mépris pour l'Eglise, ce mépris venait de se
transformer en rancoeur. De la foule émergeaient des cris et bientôt tous
hurlaient : “Sorcière !” “Brûlez-là !” “Salope !” “Démone !” “Retourne d'où
tu viens !”. Les chevaliers de garde ce soir là l'emmenèrent sous les
acclamations de la foule et des souliers furent lancés dans sa direction. Ils la
jetèrent dans une cellule crasseuse, la tabassèrent et lui crachèrent au
visage avant de fermer la cellule à double tour.
bacardiryze
il y a 8 mois
*
On la tortura, inlassablement. L'on devait obtenir ses aveux pour la
condamner au bûcher, sans quoi elle mourrerait certainement de ses
blessures. Pour éviter cela, le fameux prêtre s'était assuré de faire revenir le
médecin du seigneur pour alterner sans cesse torture et soins. Le prêtre
avait également insisté pour participer aux tortures habituellement
assurées par le bourreau. Il faisait preuve d'une cruauté sans nom. Il
jouissait entièrement de la voir souffrir, elle décelait dans son regard le
désir évident que ces tortures ne cessent jamais. Les seuls sévices auxquels
il ne participait pas étaient les viols, commis par les gardes. Comme si cette
retenue, à son sens, lui permettait de sauver son âme. Cet être répugnant
faisait grandir une colère sourde chez sa victime.
Malenia perdait pied avec la réalité. Pendant les tortures, elle atteignait
un état de dissociation mentale, si bien que la douleur qu'elle ressentait
semblait lointaine, impalpable. Ainsi, jamais elle ne confessa quoi que ce
soit. Cette dissociation finit par s'étendre sur les périodes de repos, elle
perdait la tête pensait-elle. Ses rêves étaient de plus en plus sombres pour
peu qu'elle se les remémore. Elle y rencontrait des créatures étranges,
démoniaques. Une de ces créatures semblait particulièrement puissante, un
homme envoûtant, délicieusement laid et atrocement merveilleux. Il était
venu dans ses rêves et l'avait troublé. Il s'imissait de plus en plus dans sa
réalité, se nourissant de sa haine et de sa douleur. Tant et si bien que
Malenia le distinguait clairement la plupart du temps, juste là à ses côtés,
dans l'ombre de ses bourreaux. “Que veux tu ?” Tenta un jour Malenia,
“jouis tu toi aussi de mes souffrances ?”, “Tu sais parfaitement ce que je
veux. Lâche prise Malenia, lâche prise…”
bacardiryze
il y a 8 mois
*
L'arrivée de l'archevêque avait mis fin à son calvaire. Elle serait jugée
pour sorcellerie lors d'une ordalie par l'eau. Le prêtre s'était fait un plaisir
de venir lui conter ce qui l'attendait : “Tu vas enfin être jugée, quelle triste
nouvelle. Tu vas me manquer tu sais ? Tu seras plongée dans l'eau de la
Loire, si tu parviens à remonter, alors tu seras coupable et envoyée au
bûcher. Si tu ne remontes pas et bien… félicitations, tu auras prouvé au
monde ton innocence ! Alors, que préfères-tu ? La noyade ou les flammes ?
Je te laisse à cette réflexion.” Et il partit en ricanant. La noyade ou les
flammes ? Elle était bien incapable, dans son état, de répondre à cette
question. La première lui paraissait toutefois plus douce, silencieuse et
solitaire.
Le jour fatidique arriva enfin. Une foule était présente, bien plus
conséquente qu'au soir de son arrestation. La nouvelle du jugement d'une
sorcière était suffisament rare pour rameuter nombre de curieux et fervents
chrétiens. La berge était bondée sur une centaine de mètre et une partie de
l'attroupement se tenait sur le pont à proximité. Le soleil se levait à peine et
illuminait de reflets éblouissants l'eau glaciale du fleuve. La procession qui
faisait l'objet de toutes les attentes apparut enfin au sommet de la colline et
entama sa descente. A sa tête se tenait l'archevêque, tenant devant lui un
calice d'eau bénite. Suivait un cortège de prêtres balançant des encensoirs et
chantant pour leur salut. Enfin, escortée de chevaliers, une calèche
transportait la sorcière présumée dans une cage de fer. Le cortège fendait la
brume matinale et les badauds d'écartaient à son passage. Hormis les
cantiques, un silence de plomb régnait sur l'assemblée.
Au bout du chemin, l'archevêque et les prêtres s'installèrent sur l'estrade
prévue pour l'évenement, à la vue de tous. Ils seraient les seuls juges
compte tenu de l'état d'urgence instauré depuis la mort du seigneur. On
sortit Malenia de sa cage et ses vêtements furent arrachés, dévoilant les
sévices réservés à ceux qui oseraient comme elle vendre leur âme au diable.
Malenia semblait absente, insensible à ce qui passait autour d'elle. On lui
passa des fers aux poignets et aux chevilles, suffisament serré pour lui
arracher une grimace. Les chevaliers la poussèrent ensuite jusqu'au bord de
l'eau, au pied de l'estrade. L'archevêque et ses acolytes la dominaient d'un
regard dédaigneux. “Malenia Mire de Candé, vous comparaissez devant nous
pour acte de sorcellerie, trahison et meurtre. Devant l'absence d'aveux de
votre part, nous laissons notre Seigneur et maître Jesus-Christ. L'ordalie de
l'eau scellera votre sort. Si après votre plongée dans les eaux de la Loire
vous remontez, vous serrez coupable et condamnée au bûcher. Dans le cas
contraire, votre noyade attestera de votre innocence.” Il marqua une pause
comme pour s'assurer qu'elle avait bien reçu l'information. Face à l'absence
de réaction de la condamnée, il continua : “Bien, commençons”. Les deux
chevaliers qui la maintenaient l'orientèrent face au cours d'eau. La foule
retenait son souffle.
Malenia n'attendit pas qu'on la jette à l'eau, d'une brusque rotation du
torse, elle se dégagea de l'emprise des deux hommes qui, surpris, restèrent
pantois. Elle se tourna vers l'estrade et lachâ un sourire glacial à son
bourreau de prêtre avant de se laisser tomber en arrière, disparaissant sous
les flots. Une stupeur générale s'installa et des minutes durant, personne
n'osa briser le silence pesant qui s'était emparé des lieux. Les hommes
d'Eglise jouissaient d'une vue plongeante et ils furent les premiers à
s'apercevoir que quelque chose clochait. A l'endroit exacte où Malenia avait
plonglé, un nuage de plus en plus dense s'élevait : de la vapeur, l'eau entrait
en ébullition. Alors ils la sentirent. Une présence écrasante de puissance,
projetant une énergie si négative que leurs coeurs se serrèrent, la terreur
s'empara d'eux. Une entité démoniaque s'était éveillée.
bacardiryze
il y a 8 mois
De l'eau bouillonante ressortit Malenia. Comme soulevée par une force
surnaturelle, elle fendit la surface avec grâce et s'éleva à quelques mètres de
hauteur, de sorte que tous pouvaient l'observer. Ses bras s'écartèrent en
croix, sa tête partit en arrière dans une position presque impossible. Alors
des sons sinistres brisèrent le silence, ses os rompaient les uns après les
autres, tordant ses membres dans des positions improbable. S'échappa alors
de sa bouche un rire cinyque, obscène, qui n'avait plus rien d'humain tant il
était puissant et grâve. Il n'echappa à aucun des témoins présents ce jour, et
resta gravé dans leurs mémoires comme la preuve formelle de l'existence du
Malin. Ceux qui survécurent menèrent une vie pieuse et craintive,
traumatisés par cette vision cauchemardesque.
Puis la créature révéla sa véritable apparence, le corps de Malenia
sembla gonfler de toute part, étirant sa peau suppliciée jusqu'au point de
rupture. Son corps éclata, projetant des éclats d'os, de sang, de peau et de
muscles sur l'assemblée et l'estrade. Le monstre s'était incarné en elle, y
avait grandit et avait pris sa place. Plus aucun doute n'était possible, l'être
de chair qui se tenait parfaitement immobile était un démon, incarné en ce
bas monde. Grand de plus de deux mètres, on distinguait parfaitement sa
musculature saillante à travers une peau rouge et translucide. De ses mains
disproportionnées jaillissaient des griffes saillantes qui juraient avec ses
sabots en place de pieds. Une corne en croissant de lune jaillissait de son
front vers le ciel, accentuant la dimension horrifique de son ignoble faciès.
Il déploya soudainement d'immenses ailes veinés qui masquèrent le soleil.
Ses paupières se levèrent, révélant des yeux sans pupille ni iris n'un noir
absolu. C'est à ce moment précis qu'un mouvement de panique s'empara de
la foule. Les gens hurlaient et courraient en tout sens, chiens et chevaux
détalaient sans demander leur reste. Le démon découvrit ses dents en
pointe, semblant apprécier l'émoi provoqué par sa simple apparition. Mais
cela importait peu car il n'était pas venu pour eux, mais pour les nobles
gens qui occupaient l'estrade.
D'un battement d'aile il se propulsa vers eux et atterit sur la structure de
bois d'un bruit sourd. Pour qu'aucun ne puisse prendre la fuite, il entoura de
ses ailes les religieux qui souillèrent tous leurs robes, sans exception. Il
lacera et démembra de ses griffes l'entièreté du groupe à l'exception du
prêtre, le fameux prêtre. Là était la raison de sa venue. Une vengeance
promise à une mortelle désespérée. Il le saisit d'une main et approcha son
visage du sien jusqu'à ce qu'ils se touchent. Il ressentait l'émotion de
l'homme qui avait depuis longtemps dépassé le stade de la terreur. Alors il
lui arracha les membres, un à un. Puis attrapa ses parties génitales et serra
jusqu'à ce qu'elles explosent. Il le jeta à terre et le pietina, lui brisant toutes
les côtes. Satisfait, il attrapa ce qu'il restait du prêtre par les cheveux et lui
suscura à l'oreille avant qu'il ne succombe : “Malenia te fait part de ses
affectueuses salutations”. Son devoir achevé, le démon retourna à son
monde dans un brasier si ardent qu'il réduisit en cendre toutes traces des
méfaits accomplis.
bacardiryze
il y a 8 mois
*
La veille de l'ordalie
Malenia accepte, lâche prise face à cet être ensorcelant. Dans l'obscurité
de sa cellule elle le distingue pourtant parfaitement. Il lui a promis ce
qu'elle souhaite alors elle s'abandonne, entièrerement. Il s'approche de son
corps meurtri et elle le sens se fondre en elle. Sa chaleur l'embrase
intérieurement et toute douleur disparaît. Une extase s'empare d'elle
lorsque sa voix et celle du démon retentissent à l'unisson : “Ils prétendent
mener une guerre contre le Malin ? Voyons si ils sont à la hauteur de la
tâche”.
bacardiryze
il y a 8 mois
Si quelqu'un parviens à la fin de cette petite histoire, je le remercie !
Un avis ne serait pas de refus mais le bide est fort possible vu la longueur de la chose, bien le bonsoir
bacardiryze
il y a 8 mois