C'est ainsi que je chavire chaque jour, dans une boucle sans cesse répétée d'émiettement moral et physique.
En île de France, l'humanité n'existe plus, car vous n'y verrez qu'un défilé de rats et de veaux à moitié honteux, à moitié imbus.
Pensant avoir réussi leur vie, comme des singes habillés, dans leurs costumes célio, leurs mocassins de mauvais gout taille 45, avec leurs dégaine de prolo simiesque, ils tentent de copier maladroitement l'irréprochable classe vestimentaire de leurs supérieurs capitalistiques.
Ils oublient ainsi, ou se donnent l'illusion d'échapper, à la seule réalité objective, observable impitoyablement, quotidiennement, dans les gares d'île de France.
Celles de silhouettes filiformes, cintrées ou obèses, toutes brisées, attendant dans le froid glacial et brumeux du matin Francilien, sur des quais sales et mal entretenus, plein d'humidité et de moisissure, face à des voies ferrées remplies de déchets en tout genre, de la canette à la roue de vélo, que les trains de la honte, les trains de la déportation capitalistique, viennent les chercher.
Ils s'entassent malgré eux dans les wagons étroits de ces transports morbides et déprimant, pour aller sacrifier leur vie et leur force sur l'hôtel de la tour de Babel, la tour Eiffel. Ils arrivent à Paris Saint Lazare, et sont vomis par des trains qui n'en peuvent plus de leur puante apathie, les longs trains couleur bleu délavé de la SNCF ouvrent leurs gueules pour exploser en un flot noir de pingouins et de manchots ayant oubliés toutes notions de biomécanique et motricité corporelle, ils courent comme des canards sur les quais de saint Lazare. Dans le bruit assourdissant des micro qui déblatèrent leurs instructions et leurs informations toujours porteuses de mauvaises nouvelles et de retard en tout genre.