Le 8 mars 2002, les sondages estiment les résultats du premier tour de l'élection présidentielle prévue pour le 21 avril prochain. Et ils sont formels !

Les Français auront à choisir entre Jacques Chirac (le président sortant élu en 1995) et son premier ministre de cohabitation depuis 1997, le Socialiste Lionel Jospin.

Deux points séparent même les deux hommes, l'affaire est donc entendue et Lionel Jospin pourrait même être en tête au soir du premier tour s'il bénéficie d'une bonne dynamique de campagne.

Quant à Jean Marie Lepen, ce n'est même pas la peine d'en parler, lui qui plafonne à 8%, en baisse d'un point même par rapport au dernier sondage.
Le 17 avril 2002, un nouveau sondage publié par Ipsos prévoit une remontée du fondateur du FN (estimé à 14%) et un effondrement des voix pour Jean Pierre Chevènement (6,5%).

Loin devant le duo reste le même : Jacques Chirac estimé à 20%, Lionel Jospin à 18%. Les votes du 21 avril sont donc une simple formalité pourquoi même se déplacer ?

A la suite des derniers sondages publiés le 17 avril, le journaliste John-Paul Lepers interroge Lionel Jospin : « Imaginez un instant, monsieur le Premier ministre - monsieur le candidat - que vous ne soyez pas au second tour. Pour qui voteriez-vous ? »

Lionel Jospin, hilare, jette sa tête en arrière nonchalamment et répond : « Non, j'ai une imagination normale, mais quand même tempérée par la raison ! Donc... »
Taquin, John Paul insiste : « Donc c'est impossible ? »

Et le premier ministre candidat de répondre : « Ne disons pas ça, mais ça me paraît assez peu vraisemblable, hein ? Bon. Donc on peut passer à la question suivante peut-être ! »

La suite est connue, le 21 avril c'est finalement Jacques Chirac (19,8%) et Jean-Marie Lepen (16,8%) qui se qualifient au second tour de la présidentielle.
Lionel Jospin, pourtant si sûr de lui, sortira de l'histoire de la politique française par la petite porte, avec la place de troisième et 16,1% des voix.

Certains Français ne l'avaient pas encore compris mais la réaction de Lionel Jospin ne constituait que l'émergence d'une nouvelle génération d'hommes politiques appelée à devenir la norme aujourd'hui.

À savoir une classe politique totalement débranchée du pays profond, incapable d'anticiper ses volontés et donc encore plus inapte à répondre à ses attentes.

Michèle Cotta, « Carnets secrets de la présidentielle : mars 2001 - mai 2002 », Paris, Plon, 2002.

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Le dernier point de bascule de l'histoire de la politique française avant que le français de base ne renonce à son sort et à sa dilution par l'Élite dans un mondialisme économique et humain