Je m'en allai cet après-midi pour aller quérir des pâtisseries et de l'eau pour quelques braves gens qui mendiaient sur l'avenue.

Je ne vais pas souvent dehors et encore moins à la boulangerie, je songeais alors dans la file d'attente à mon texte et aux demandes qui m'avaient été faites : suisse et croissants aux amandes. La vitrine n'en proposait pas, en tous cas les noms n'y étaient pas affichés. Je n'étais pas rassuré et je ne savais pas comment rebondir à cette situation.

Derrière moi, une femme d'âge mûr aux iris bleus argentés lança à moi :
- Je vous demande pardon.
Je me retournai :
- Ah euh, .... Un silence et je lui fis des signes avec mes mains pour lui proposer de passer devant moi.
- Je vous ai peut-être heurté.
- A vrai dire, je n'ai pas fait attention. Je ne vous ai pas remarqué.
- Moi je ne vous ai pas remarqué.

Ces succincts échanges étaient marqué par des regards interposés soutenus, pendant qu'une vieille dame commandait sans doute ses plaisirs hebdomadaires. Je pouvais deviner que l'on me dévisageait, et que potentiellement, l'idée derrière était de dresser mon portrait robot.

Les idées fusèrent avant mon tour. Ai-je commis un préjudice ? Connaissais-je cette personne ? Serais-je à l'instant la victime d'une farce puérile ? Serais-ce encore les services du contre-espionnage ?
Je n'eus malheureusement pas le temps d'infirmer correctement ces interrogations.
- Et pour vous ?
- Bonjour, je souhaiterais un suisse (pas le monsieur, pensais-je).
- On ne fait pas de suisse.
- Un croissant aux amandes alors ?
- Il n'y en a plus.
- Et bien je vous prierais de bien vouloir de me donner ce qu'il reste : un pain au chocolat et un croissant. Avec cela, une bouteille d'eau !

Je payais, et puis la commerçante mentionnait un roulé au chocolat que je pris également avant de la saluer car je craignais de ne pas satisfaire les demandes qui m'avaient été faites. Finalement, j'octroyai les douceurs à ceux qui les souhaitaient.