https://www.ladepeche.fr/2025/03/12/interview-pour-ce-psychiatre-toulousain-harry-potter-naurait-jamais-du-accepter-linvitation-a-poudlard-12555866.php

Aujourd'hui, le psychiatre et psychothérapeute toulousain César Castagné, sort son ouvrage "La Face cachée d'Harry Potter", dans lequel il analyse la saga sous un angle thérapeutique pour déceler le secret que cache l'écrivaine J.K.Rowling, dans son monde magique.

• Comment avez-vous eu l'idée d'analyser la saga Harry Potter ?

Je suis psychiatre et psychothérapeute et j'accompagne quotidiennement des personnes en souffrance mentale. Dans le cadre de mon travail, je me suis intéressé aux études culturelles, aux décryptages psychologiques des grands phénomènes de masse. Donc ça va de l'histoire populaire, aux contes, aux mythes, ainsi qu'aux grands récits qui encadrent les pratiques sociales de l'humanité. Puis, lors de mes consultations, certains de mes patients m'ont parlé de cette œuvre et m'ont incité à la découvrir car ils la connaissaient de manière très intime et nostalgique. Ils me disaient qu'ils étaient comme connectés aux protagonistes. Cela m'intriguait alors je me suis penché sur le sujet, pour aller sur leur terrain, parler leur langage. Je voulais comprendre pourquoi il y avait une telle proximité entre eux et ce monde magique.

• En quoi l'univers d'Harry Potter reflète-t-il nos propres traumatismes et troubles psychiques ?

Je pense que c'est un récit qui est devenu universel pour un certain nombre de raisons. Il y a l'aspect d'un petit personnage qui bascule dans un monde qui lui est inconnu et qu'il va explorer de manière très autonome. Donc ça laisse entendre qu'Harry représente un enfant, qui n'est pas à sa place d'enfant mais à celle de sauveur. Dans la saga, on voit des petits de 11 ans, qui tentent de résoudre des problèmes d'adultes. Ils prennent le pouvoir et ils ont le pouvoir. C'est comme une inversion des courbes du temps.

• Avez-vous des exemples de personnages qui illustrent un trouble psychiatrique précis dans Harry Potter ?

Je préfère préciser que je n'utilise pas trop les étiquettes psychiatriques. Mais effectivement il y a des troubles dépressifs. Harry est quand même porteur d'hallucinations, de troubles dissociatifs voire schizophrènes. Drago Malfoy, pourrait avoir des troubles borderline. Il est très impulsif, agressif notamment dans le passage à l'acte. Dans le livre, je n'illustre pas vraiment des cas cliniques à travers les personnages. Mon travail c'est surtout de dire, qu'il existe un secret dans Harry Potter, comme le dit J.K. Rowling, l'écrivaine de la saga. Alors je me suis demandé si finalement, le secret n'était pas un secret psychiatrique et traumatique. Et à partir de là, une question s'est posée, "comment ce secret pouvait organiser l'ensemble des rapports entre les personnages et donner naissance à un monde magique ?"

• Vous évoquez des thèmes comme le deuil, l'apprentissage, la trahison et la sexualité. Comment ces éléments sont-ils traités dans la saga et pourquoi résonnent-ils autant chez les lecteurs ?

Ce sont des thèmes universels. C'est vrai que pour les enfants, Harry incarne la solidarité entre amis. Mais finalement, on se rend compte qu'ils sont rapidement propulsés dans le monde des adultes. Ils sont maltraités abandonnés, livrés à eux-mêmes. Je trouve qu'Harry a presque une destinée de vieil homme. Au bout des livres, il a vu 60 morts à peu près et en seulement sept ans d'études, c'est considérable. L'expérience du deuil permet de sensibiliser les jeunes à la perte d'un proche. C'est pourquoi ces thèmes sont récurrents.

• Vous dites qu'Harry Potter peut être utilisé comme outil thérapeutique. Mais comment ?

Déjà il faut se demander, "est-ce qu'Harry Potter a vraiment le choix de faire tout ça ?". Dumbledore est très incitatif avec lui. Est-ce que finalement, le sacrifice semble être son choix ou quelque chose à laquelle il est soumis ? Je trouvais cette question intéressante pour les thérapies. Car la question du sacrifice, de la souffrance mentale, est souvent en rapport avec la souffrance sacrificielle. Si on met en évidence qu'Harry en réalité est contrôlé et manipulé pour arriver à ce sacrifice final, on comprend que le jeu n'en valait pas la peine. Et que tout aurait pu être vécu sans la souffrance. À quel moment le fait de se sacrifier, doit être repensé.

• Qu'est-ce que vous voulez transmettre à vos lecteurs ?

Ce que j'aimerais que l'on puisse comprendre, c'est qu'une histoire a une histoire donnée telle qu'elle nous est racontée. On peut tout à fait penser l'histoire d'une autre manière avec quelques outils psychologiques, qui nous laissent penser que la réalité n'est peut-être pas celle que l'on imagine.

• Comment vous résumez votre livre en quelques mots ?

Je dirais, "est-ce qu'Harry aurait vraiment dû accepter l'invitation pour Poudlard ?". Est-ce que c'est une promotion qui lui est faite ou alors sa propre condamnation ?"

Ent

Psychiatre, doctorant, et toi ?

Top 3 des meilleurs passages :

1) (Avez-vous des exemples de personnages qui illustrent un trouble psychiatrique précis dans Harry Potter ?)
"Je préfère préciser que je n'utilise pas trop les étiquettes psychiatriques. Mais effectivement il y a des troubles dépressifs. Harry est quand même porteur d'hallucinations, de troubles dissociatifs voire schizophrènes. Drago Malfoy, pourrait avoir des troubles borderline. Il est très impulsif, agressif notamment dans le passage à l'acte."

2) "Je trouve qu'Harry a presque une destinée de vieil homme. Au bout des livres, il a vu 60 morts à peu près et en seulement sept ans d'études, c'est considérable"

3) Celui ou le titre est "justifié". En fait "Harry Potter n'aurait jamais dû accepter l'invitation à Poudlard" car ça lui a fait vivre des choses horribles et on l'a manipulé blablabla

Soyez assurés que je vais bien m'empresser d'aller acheter son de livre de merde