Extrait du livre rouge :

Iz : Vous pouvez voler comme les oiseaux? Si tes paroles n'avaient autant de pouvoir magique, je te dirais que tu mens,
Moi : Je ne mens pas. Tu vois, par exemple ici : j'ai une montre qui indique exactement les heures du jour et de la nuit.
Iz : C'est merveilleux. Je crois que tu viens d'un pays étrange et magnifique. Tu viens certainement de l'Occident bienheureux? Es-tu immortel ?
Moi : Moi - immortel ? Il n'est rien de plus mortel que nous.
Iz : Quoi ! Vous n'êtes mêmes pas immortels et vous disposez de tels arts ?
Moi : Notre science n'a malheureusement pas encore réussi à nous prémunir contre la mort.
Iz : Qui vous a appris de tels arts ?
Moi : Au fil des siècles, les hommes ont fait de nombreuses découvertes en observant avec minutie et en étudiant les choses extérieures.
Iz : Mais cette science est pourtant la funeste magie qui m'a paralysé. Comment est-il possible que vous soyez encore en vie en absorbant chaque jour ce poison ?
Moi : On s'y est habitué avec le temps, tant qu'il est vrai que chaque homme s'habitue à tout. Mais nous sommes tous un peu paralysés en effet. d'un autre côté, il est vrai que cette science donne de grands avantage comme tu l'as vu. Ce que nous avons perdu en force, nous l'avons regagné, et bien au delà, par la maîtrise des forces de la nature.
Iz : N'est-il pas déplorable d'être ainsi paralysé ? Pour ma part, je préfère ma propre force aux forces de la nature. Je laisse les forces secrètes aux lâches sorciers et aux magiciens efféminés. Une fois que j'ai réduit en bouillie le crâne de quelqu'un, sa pauvre magie cesse aussi.
Moi : Mais tu vois l'effet qu'a eu sur toi notre magie ! Ce fut, je crois - terrible.
Iz : Tu as hélas raison.
Moi : Alors tu vois, nous n'avions pas le choix. Nous étions obligés d'avaler le poison de la science. Sinon nous aurons tous le sort qui est le tien : nous serions tous totalement paralysés à chaque fois que nous le rencontrerions, sans nous douter de rien et sans la moindre préparation. Ce poison est si fort et si irrésistible que même le plus fort, mêmes les dieux éternels, y succombent. Si nous chérissons notre vie, nous préférons sacrifier une part de notre force vitale plutôt que de nous exposer à une mort certaine.
Iz : Je ne crois plus que tu viens du bienheureux pays de l'Ouest. Ton pays doit être plein de paralysie et de renoncement. J'aspire à trouver l'Est ou se trouve la source limpide de notre sagesse qui dispense la vie.