Il y a cette conviction sourde en moi : peu importe ce que je fais, peu importe les efforts que je fournis, le bonheur me glissera toujours entre les doigts. Même dans les moments où tout semble en place, où je pourrais me sentir comblée, quelque chose en moi sabote, refuse, détruit. Comme si mon esprit était programmé pour déceler la faille, pour la grossir jusqu'à ce qu'elle prenne toute la place.

Je peux changer d'environnement, de relations, de projets… Le schéma, lui, reste le même. Je voudrais croire qu'on guérit un jour de cette lutte intérieure. Mais en réalité, je crois que certaines personnes sont faites pour vivre avec un fond de mélancolie permanent, une insatisfaction sourde qu'aucune réussite ni aucun amour ne suffira jamais à combler. Et peut-être qu'accepter cette part d'ombre, sans chercher à la faire disparaître, serait déjà une forme de paix.