Cette Histoire remonte à une dizaine d'années et est la raison pour laquelle je ne me résigne pas à vivre du RSA.

C'est un vendredi soir, je suis dans ma chambre. Il est 18h, les murs sont couverts de posters de jeux vidéo, et il y a quelques emballages de chips qui traînent. Je passe mon temps entre Minecraft et le 15-18, une routine banale qui remplit mes journées

Mon père entre sans frapper. "Salut, tu fais quoi ce week-end ?" me demande-t-il calmement. Je réponds "Pas grand-chose" sans quitter l'écran des yeux. Il insiste un peu : "Tu devrais sortir, voir du monde. À ton âge, je restais pas enfermé comme ça." Ses mots me pèsent, mais je reste vague. Il me parle d'amis, de sorties, de trucs que je n'ai pas à lui raconter. Je n'ai pas grand-chose à dire là-dessus, alors je botte en touche

Il abandonne après un moment. "Si tu veux la voiture, fais-moi signe", dit-il en me tapant l'épaule avant de partir. Je reprends mon jeu, mais quelque chose me trotte dans la tête, un vague sentiment de malaise

Plus tard, je descends à la cuisine chercher à boire. En passant par le salon, j'entends un bruit discret. Je regarde : mon père est là, assis, avec des albums photo ouverts devant lui. Il pleure doucement, sans un mot. Ce sont des vieilles photos de moi, de quand j'étais petit. "Mon garçon…" murmure-t-il, la voix faible. Ça me secoue. Il me voit, essuie vite ses yeux et lance un "Ah, t'es là ? Ça va ?" avec un sourire crispé

Je ne sais pas quoi répondre. Je me sens mal, alors je lâche : "En fait, je vais sortir avec des amis, je peux prendre la voiture ?" Son visage change instantanément, il sourit franchement. "Bien sûr, vas-y !" dit-il en me prenant dans ses bras, encore ému

Je m'habille rapidement, je prends les clés et je pars. Mais je n'ai nulle part où aller. Je roule un moment, je finis par me garer sur un parking vide, dans une zone industrielle. Je baisse les sièges et je passe la nuit sur la banquette arrière

Le lendemain, je rentre. "C'était bien avec les potes", dis-je en mentant. Mon père me serre dans ses bras, content. Moi, je me sens juste fatigué et vide

Ça a duré des mois. Presque tous les week-ends, je faisais semblant d'avoir une vie, je mentais pour qu'il soit rassuré. Par la suite, c'est pour lui que j'ai accepté de vivre l'enfer du salariat en tant qu'opérateur Pack Office et pour lui que je suis allé au bout du master Bullshit de l'école de co