Moralement, oui. Mais une forfaiture morale doit-elle devenir un délit légal ? Si on raisonne comme ça, alors il faut pousser la logique jusqu'au bout et condamner aussi ce genre de propos dans un cadre privé : des propos proférés durant un repas de famille peuvent aussi être vecteurs de haine et influencer des personnes. Surtout, ça va créer un problème éthique : qui décidera de ce qui est un propos haineux ou non ? Comment différencier les vrais discours et le second degré ? Donc, in fine, on a se diriger vers une société de contrôle où il faudra sans cesse être sur le qui-vive pour ne pas dire un truc qu'il ne faut pas, même dans l'intimité. Bref, c'est la fin de la liberté d'expression sur l'autel de la paix sociale. Et surtout, on ne pourra plus savoir si les gens restent dans la fenêtre d'Overton de façon sincère ou par crainte de représailles juridiques.

De mon pont de vue, le système étasunien qui sanctifie la liberté d'expression est le plus sain. Il y a des garde-fous bien sûr (menaces de violences, appels caractérisés à la violence, divulgation de coordonnées personnelles ; ainsi que la diffamation qui se règle au procès civil). La liberté d'opinion, elle, est absolue. C'est au public et non à l'Etat qu'il appartient de juger de la pertinence des mots prononcés. Ce système fonctionne depuis plus de deux siècles.