À l'issue du visionnage de l'extrait, les mains se lèvent les unes après les autres pour réagir : « C'est encore les garçons qui veulent commander. Lui, il veut trop faire le chef », se désespère une élève, tandis qu'une autre rappelle qu'il a déjà brûlé accidentellement une allumette dans un épisode précédent et qu'il « veut aller trop vite ». Un moment qui leur rappelle la semaine précédente, lors de laquelle la gestion du feu préemptée par les hommes a été au cœur des débats.

Mais c'est la deuxième séquence qui provoque les plus vives réactions, lorsque les aventuriers s'expliquent après leur échec lors de l'épreuve de confort. Le jeune diplômé Adrien et Jérôme s'accrochent vivement, le premier expliquant au second qu'il n'a pas eu un comportement « d'homme ». Face caméra, le quadragénaire peintre en bâtiment réagit : « La vraie vie, c'est travailler, payer sa maison, s'occuper de sa famille… » Point de départ d'un débat qui va encore agiter les deux classes de sixième.

« Et alors pour vous, c'est quoi être un homme ? »
« Qu'est-ce qui compte dans la vie ? Être ingénieur ou avoir une famille ? », s'interroge Emma. Des voix diverses s'élèvent : certains mettent la famille en haut des priorités, d'autres soulignent l'importance des études. Le prof appuie : « Il y en a parmi vous qui veulent devenir médecin ou avocat… Ça passe forcément par des études longues ». « En fait, il y a une personne un peu plus manuelle et une autre un peu plus intello », résume Philomène. « C'est un problème d'âge et d'expérience. Le peintre, il voit une manière de travailler et pour l'ingénieur, une façon de travailler, c'est de faire des études », abonde Willy.
« Et alors pour vous, c'est quoi être un homme ? » relance Olivier Joos. « Prendre ses responsabilités », lui répond un jeune garçon. « Donc une femme, elle ne peut pas prendre de responsabilités ? » « Bah… si ! » Et toc. « On travaille autour de l'acquis et de l'expérience, détaille l'enseignant. Le but c'est aussi de leur expliquer que, parfois, il n'y a pas de bonne réponse mais de débattre autour des questions que ça pose. »

De quoi aussi leur donner du grain à moudre sur le principe du montage et le fait qu'on ne dispose pas toujours de tous les éléments. « N'oubliez jamais, vous êtes devant une émission de télé, on va vous montrer trois jours sur deux heures. Et ce sont des candidats qu'on a sélectionnés pour leur… » « Personnalité ! », lui répond-on d'une seule voix dans la salle de classe.

Des notions qui collent avec le programme à suivre
Très actifs, les élèves semblent conquis : « J'ai appris que les paysages, même si c'est beau, parfois on ne connaît pas tous les risques », commente Kenzo, sensible à la séance sur les Philippines lors de laquelle ils ont évoqué les volcans qui parsèment le pays. « Ça change de la géographie habituelle, c'est plus concret », souligne de son côté Sacha.

« À chaque saison, on retrouve les mêmes ingrédients qui font écho à des notions d'éducation civique : les rivalités jeunes-vieux, hommes-femmes… Et en géographie, le programme de 6e comporte les thématiques habiter en bord de mer et habiter en milieu difficile », précise le prof.
Une idée qui n'est pas complètement neuve, car ce féru de « Koh-Lanta » avait déjà proposé à ses collégiens de suivre « Pékin Express » il y a trois ans. « C'était une saison qui allait du Kirghizistan à Dubaï, donc c'était parfait pour illustrer les milieux désertiques, les milieux urbanisés, les pays riches, les pays pauvres… ». Ils avaient adoré et avaient même pu échanger avec Stéphane Rotenberg. Cette année, il a misé sur le format culte de TF 1 pour renouveler l'exercice prisé des élèves.

La pluie à « Koh-Lanta » : « Du pain bénit pour parler de la mousson »
Un sacerdoce pour l'enseignant, entre la diffusion le mardi et le cours le vendredi : « Il faut que je trouve rapidement une thématique, j'ai souvent tendance à regarder à nouveau l'épisode le mercredi », plaisante-t-il. Émission que ses élèves ne sont pas obligés de visionner s'ils ne le souhaitent pas, le suivi en classe suffit. « Je ne peux pas les contraindre, et c'est un programme qui finit tard. Souvent, certains rattrapent le replay dans le week-end ». Elsa, devant la Une le mardi soir, apprécie d'ailleurs que le cours soit un complément : « C'est plus intéressant, on voit les choses différemment », argumente la jeune élève.

La première séance a été consacrée aux Philippines, lieu de tournage de la saison, et également aux rizières dans lesquelles s'est déroulée la toute première épreuve. Olivier Joos attend désormais avec impatience la tempête qui va pousser à l'évacuation des candidats dans les prochaines semaines. « C'est du pain bénit pour parler de la mousson ! » Et en cas de panne d'inspiration, le prof a quelques atouts dans sa manche : « Si je ne vois rien dans l'épisode qui puisse faire l'objet d'un cours, je sais que je pourrai axer sur la survie dans d'autres supports, que ce soit Robinson Crusoé en littérature, ou le film Seul au monde avec Tom Hanks ».