L'athée objecte :
" la conscience semble intrinsèquement liée à la matière"

A ceci, la réponse est toujours la même : Un concept est une représentation dégagée du temps et du lieu affectant toute réalité physique. Par conséquent, la conceptualisation est la faculté d'atteindre les universaux par delà cette singularité matérielle individuante. Le concept est donc proprement immatériel. Mais comme celui-ci est immatériellement extrait puis abstrait de la matière, il est logiquement produit par une puissance qui est déjà par elle même déliée de tout support purement biologique qu'on nomme "intellection". Et c'est bien cette dernière qui est conséquemment douée de subsistance contre l'impermanence de la stricte corporalité. Pour pouvoir conceptualiser, l'intellect doit nécessairement être sans mélange de matière qui, elle, étant composée, est sujette à la décomposition au moment du phénomène appelé mort. Mais comme ledit intellect est une "forme pure incomposée", qu'il n'est que capacité à recevoir les images désincarnées qui résident dans les choses matérielles, alors il échappe par la nature même de son essence à la destruction qui est le sort final de la seule physicalité. Résultat, s'il est capable de s'affranchir de la corporéité, c'est qu'il en est ultimement extrinsèque dans son être même. Cet intellect est bien, en dernier ressort, impérissable et immortel. La conscience est immatérielle, car au moment d'élaborer un concept il n'y a plus aucun organe corporel participant à cette élaboration.

L'athée insiste :
"Un cerveau altéré entraîne une conscience altérée qui disparaît simultanément avec la mort du cerveau."

Là encore, l'argument consiste à donner une valeur probatoire absolue à une objection que l'on peut néanmoins relativiser. Car inversement, si un organe sensoriel comme la vue ou l'ouïe peuvent être altérés quand une lumière est trop forte ou un son trop puissant, l'intellect, lui, n'est jamais amoindrit ni corrompu par l'excellence de son objet. Plus la conscience emmagasine des connaissances, plus elle se les assimilent, et plus cette conscience se fortifie, s'enrichit et s'accroît, ce qui est le signe fort de sa nature inorganique, donc de son autonomie, de sa supériorité sur tout réductionnisme biologique. La dépendance de l'intellection par rapport à la matérialité corporelle (j'ai besoin de la présence de l'image dans le cerveau afin d'élaborer mes concepts) n'est donc pas de l'ordre de l'absoluité, mais bien de celui du relatif, puisque dans cette vision nuancée du processus de la connaissance, les circuits neuronaux ne sont pas la cause indépassable de l'émergence de la conscience, mais bien plutôt la condition matérielle de l'exercice de cette dernière, ce qui n'est pas du tout la même chose.