Ah, les étudiants en école de commerce de province, ces prodiges autoproclamés qui se voient déjà à la tête d'une multinationale, alors qu'ils n'ont pas encore compris qu'une boîte à outils PowerPoint ne fait pas de vous un stratège. Ils se pavanent dans leurs couloirs aseptisés, jouant les chefs de projet lors de simulations ridicules, persuadés que ces pseudo-compétitions les préparent à conquérir le monde. Mais la réalité, elle, est bien plus cruelle que leurs rêves emballés dans des CV gonflés à l'hélium.

Leur ambition démesurée est à la hauteur de leur illusion. Ils s'imaginent tous un avenir doré, à négocier des deals juteux depuis un bureau en verre, dominant la skyline parisienne. Pourtant, il suffit d'un coup d'œil pour comprendre que la plupart sont condamnés à se perdre dans les méandres d'un quotidien bien plus banal. Leurs "projets de carrière" se terminent souvent là où commencent les embauches de masse : chez Darty, à conseiller des clients sur la meilleure machine à laver, ou chez Éco Cuisine, à essayer de vendre des plans de travail à des familles désemparées.

Et pendant qu'ils s'efforcent d'appliquer leurs "techniques de vente" apprises en cours, ils réalisent que personne n'est impressionné par leurs discours remplis de buzzwords dénués de sens. Ce qui devait être une carrière flamboyante se transforme peu à peu en une routine terne, où les seules perspectives d'évolution consistent à devenir le "manager du mois" dans un magasin de périphérie. Finie l'époque où ils rêvaient de conquérir des marchés étrangers, maintenant leur plus grand défi est de gérer les plannings des vendeurs le week-end ou de faire face aux clients mécontents qui n'ont pas eu leur remise de 10%.

Ils essayent de se convaincre que ces emplois sont temporaires, que c'est juste une étape avant de "rebondir" vers de plus grands horizons. Mais les années passent, et les promesses de l'école de commerce s'étiolent, tout comme leurs rêves. À force de ne pas trouver mieux, ils finissent par se résigner, par s'accrocher à ce qu'ils ont, même si c'est loin de l'idéal qu'ils s'étaient imaginé.

Et quand ils retrouvent leurs anciens camarades, autour d'un verre, ils prétendent toujours qu'ils sont "dans la vente" ou "en train de monter un projet", évitant soigneusement de mentionner qu'ils passent leurs journées à vendre des cuisines en kit ou à faire la démonstration du dernier modèle de frigo. Ils s'accrochent à cette illusion de succès, tentant de masquer l'amertume de leur échec sous des sourires forcés et des discussions superficielles sur des sujets qu'ils ne maîtrisent même plus.

Le plus triste, c'est qu'au fond d'eux, ils savent qu'ils ne seront jamais ces magnats de la finance ou ces dirigeants charismatiques qu'ils rêvaient de devenir. Ils se contentent d'une carrière médiocre, sans éclat, mais tentent désespérément de sauver les apparences. Et à chaque fois qu'ils passent devant une boutique de luxe, ils se rappellent avec amertume que, malgré tous leurs efforts, ils ne seront jamais les clients, juste ceux qui leur vendent des appareils électroménagers.

Leurs rêves d'ascension fulgurante se sont fracassés contre le mur de la réalité, et tout ce qu'il leur reste, c'est cette petite carte de visite où figure leur nom sous le titre pompeux de "manager" chez Darty, comme si cela pouvait encore tromper quelqu'un, surtout eux-mêmes

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