Le temps que le ministère prenne enfin le sujet au sérieux et que le milieu académique sorte de sa grotte, il s'écoulera probablement quelques années. Mais une chose est claire : l'IA ne se contentera pas de rédiger des devoirs maison ou de préparer des exposés à notre place. Non, elle sera capable de rédiger des mémoires de recherche, des thèses et des articles académiques de manière quasi autonome.

Elle sera plus performante (et, surtout, moins coûteuse) que les chercheurs humains. Un chercheur peut se tromper, alors que l'IA aura une capacité hors du commun pour détecter les biais et corriger les mauvaises interprétations des résultats. Et côté rédactionnel, elle surclassera de loin n'importe quel être humain (ce qui est déjà le cas si tu utilises des prompts).

Le seul travail restant pour le chercheur sera les enquêtes de terrain (en SHS) et les expériences en laboratoire pour les autres domaines. Pour tout le reste (calculs empiriques, revue de littérature, contribution à la recherche, rédaction, etc.) l'IA sera d'une efficacité redoutable.

La vraie question n'est donc plus de savoir si un jour l'université sera dominée par des IA qui produiront elles-mêmes la connaissance, mais quand cela se produira. Et ce qui est certain, c'est que dans nos pays, encore dominés par des boomers, on va refuser cette avancée et mettre des bâtons dans les roues de l'IA et de ses utilisateurs. Pendant ce temps, les universités américaines et chinoises vont investir massivement dans ces technologies, produisant une quantité de connaissances scientifiques inégalée. Et on restera une fois de plus à la traîne.

Bref, on continuera encore à accepter d'avoir 500 étudiants par promotion dans des filières comme la socio ou l'histoire, mais un jour, il faudra bien se rendre à l'évidence et arrêter de fermer les yeux sur ce qui se profile.

+ une nouvelle inégalité va se créer : entre ceux qui maîtrise l'IA et ceux qui ne la maitrisent pas ou refusent de l'utiliser. Pourtant, il ne fait aucun doute que d'ici quelques mois, un mémoire de recherche réalisé avec l'IA surpassera n'importe quel étudiant lambda (je pense que c'est déjà le cas...)

Enfin, une question vertigineuse se pose : que faire lorsque l'IA produira une théorie scientifique révolutionnaire, du même ordre que la relativité d'Einstein, mais que l'humanité n'aura pas les moyens de la comprendre ?