Une fois de plus, l'Education nationale est en deuil après avoir appris la mort d'une enseignante, retrouvée pendue sur son lieu de travail ce mardi 22 octobre. Ce drame ne peut qu'évoquer les suicides qui, depuis la mort de Christine Renon en 2019, ont cruellement mis en lumière la souffrance au travail, alors que les offensives contre l'école se multiplient.

Le drame est survenu dans le village de Barbières, dans la Drôme, où une enseignante de 41 ans a été retrouvée pendue dans l'école du village. Elle s'y est rendue ce mardi, en période de vacances scolaires. Elle était l'enseignante d'une classe de CP, et mère de trois enfants.

Les premières réactions, rapportées dans la presse locale, témoignent d'une profonde affliction : « Nous sommes tous effondrés. Elle était pleine de joie, de vie. Nous sommes abasourdis. C'est un drame épouvantable » indique le maire du village. Si un courrier a été retrouvé dans sa voiture, il n'est pas rendu public pour l'instant, ce qui ne permet d'avoir une idée plus précise des motivations qui ont poussé l'enseignante à cet acte terrible. Cependant, le lieu choisi est lourd de sens. L'INRS (Institut National de Recherche et de Sécurité) le rappelle : « Le choix de se suicider sur son lieu de travail n'est pas neutre ; c'est un message adressé à la collectivité de travail. »

Malheureusement, ce n'est pas la première fois que l'Education nationale est bouleversée par un tel drame. En 2019, le suicide de Christine Renon, directrice d'école à Pantin, avait bouleversé l'ensemble de la communauté éducative, qui avait exprimé sa peine puis sa colère face à la dégradation généralisée des conditions de travail, clairement identifiée par l'enseignante dans la lettre qu'elle avait rédigée avant de se donner la mort : « Aujourd'hui, samedi, je me suis réveillée épouvantablement fatiguée, épuisée après seulement trois semaines de rentrée ».

Le ministère avait alors été contraint de fournir des chiffres sur le suicide des personnels de l'éducation nationale et avait indiqué avoir recensé 58 suicides en 2018-2019. Depuis, d'autres enseignantes et enseignants se sont, ou ont tenté, de se donner la mort sur leur lieu de travail, sans que de nouveaux chiffres soient communiqués par le ministère.

Ces événements sont les tristes témoignages des conséquences de la dégradation des conditions de travail des personnels de l'Education nationale : complexité des missions, surcharge de nouvelles tâches, réduction des effectifs et des moyens, atomisation des collectifs de travail, isolement des personnels, pressions hiérarchiques, sont autant d'éléments qui expliquent une augmentation inquiétante du mal-être au travail.

Alors que le gouvernement Barnier poursuit la politique de casse de l'école et des services publics, annonçant une nouvelle suppression de 4000 postes à la rentrée, dont plus de 3000 dans les écoles primaires, la nouvelle ministre de l'Education nationale, en digne héritière de ses prédécesseurs, n'a pour l'heure pas prononcé un mot pour évoquer l'enseignante qui s'est donné la mort. Une nouvelle illustration du mépris du gouvernement pour la vie des travailleuses et des travailleurs, dans un contexte où, « austérité oblige », il s'agit de faire toujours plus d'économies sur le dos des personnels et des usagers, approfondissant encore la crise de l'école et du reste des services publics.

Face à l'acharnement des politiques qui attaquent ce service public d'éducation, nous allons devoir imposer des réponses à la hauteur, en exigeant le retrait de toutes les politiques qui dégradent l'école et rendent nos quotidiens impossibles. Les directions syndicales - qui, pour l'heure, n'ont pas encore réagi face à ce nouveau drame - pourraient, pour cela, jouer leur rôle pour défendre les travailleuses et travailleurs de l'éducation, et imposer un autre projet pour l'école. Ensemble, nous devons apporter tout notre soutien à la famille, aux élèves, aux collègues de cette enseignante décédée sur son lieu de travail.

https://www.revolutionpermanente.fr/Suicide-d-une-enseignante-dans-la-Drome-Un-drame-de-plus-dans-l-Education-nationale

Une personne qui se suicide putain

C'est vraiment horrible. Merci pour cet article poignant.