Vous fermez les yeux et répétez les paroles de Benoît dans votre esprit. Sa question est le fil d'Ariane qui va vous guider vers la vérité, à condition que vous soyez concentrée jusqu'au bout. Benoît a l'air de le comprendre puisqu'il n'a pas l'air de chercher à savoir si vous voyez quelque chose ou non. Après dix longues minutes durant lesquelles rien ne semble se passer, des images commencent enfin à se former dans votre esprit, et pour couronner le tout, elles sont aussi claires que de l'eau de roche. Dans un premier temps, vous apercevez une grande pièce sombre, entourée par quatre grands murs de béton gris. Un grand cercle est dessiné sur le sol de cette pièce et est éclairé par ce qui semble être la lumière de la lune. Cette même lumière vous laisse voir un homme avec de longs cheveux roux en train d'allumer des torches avec un petit briquet, ce qui éclaire la salle davantage.

C'est à ce moment que deux grandes cages se dévoilent. La première emprisonne des animaux, dont Flocon, le lapin de Nathanaël que vous cherchez depuis le début de la semaine. Mais le contenu de l'autre cage vous fait froid dans le dos. En effet, cette cage contient plusieurs personnes, de tous âges et de toutes tailles. Parmi ces personnes se trouve un visage que vous connaissez bien, celle de Joaline Drucker, supposée morte depuis l'accident du gymnase. Enfin, votre prescience se termine sur l'embrasement du cercle vu plus tôt et le même cri démoniaque qui ponctuait tous vos cauchemars. Lorsque vous reprenez vos esprits, une chaleur étouffante monte dans votre tête, comme un incendie qui brûle votre cerveau. Malgré tout, vous trouvez la force de tout raconter à Benoît, qui est visiblement choqué par votre récit.

- Alors Joaline est encore vivante… et Laurent compte bel et bien sacrifier les animaux. Cette histoire devient de plus en plus intéressante. Tu sais quoi Célestine ? Je suis content que tu soies venue ici. Maintenant il nous reste plus qu'a savoir ou se trouve ce lieu que tu as…

Mais au moment ou Benoît termine sa phrase, votre vision commence à se troubler. Utiliser votre pouvoir sur commande vous vide de vos forces, en plus d'augmenter la température de votre corps de façon effrayante. Lorsque le policier s'en aperçoit, son expression se fait plus inquiète.

- Purée t'es toute rouge Célestine ! On dirait que tu vas exploser !
- C'est juste de la fièvre, rien d'insurmontable.
- Une fièvre volcanique ouais ! Je vais te ramener chez toi. Mais je te propose qu'on se retrouve en bas de l'immeuble demain matin. Tu ramèneras tes amis, ok ?
- Ouais ok…
- Allez viens. J'espère que ton père a du doliprane.

Point de vue de Joaline Drucker

Joaline est assise dans un coin à l'intérieur d'une grande cage. À coté d'elle se trouve une petite fille endormie. Elle se sent triste d'être retenue en captivité dans cet endroit sombre et insalubre. Mais sa tristesse se change en colère lorsqu'une femme brune arrive devant sa prison. C'est à cause de cette femme qu'elle est ici, en cage avec tous ces gens qu'elle ne connaît pas. Néanmoins, sa geôlière décide de lui adresser la parole sur un ton amical, qui sonne aussi faux que des aveux non sincères.

- Coucou Joaline. Ça te plaît ici ?
- Vous ! C'est de votre faute si je suis ici ! C'est vous qui m'avez endormie avec votre mouchoir là !
- Tu t'en rappelles ? C'était pas mal non ?
- Mouais. C'était tellement bien que j'ai même pas pu chanter au spectacle.
- En effet. C'est ton golem qui a chanté. Je l'ai vu.
- Mon quoi ?
- Te voilà Louison. Je te cherchais.

L'homme roux de la dernière fois entre dans la pièce. Il porte un long pardessus noir et ses cheveux roux semblent être devenus plus gras, signe qu'il ne les lave pas régulièrement. La dénommée Louison s'éloigne de Joaline pour se rapprocher de lui.

- Tu voulais me voir Laurent ?
- Bien sur que je voulais te voir Louison ! J'aimerais que tu me donnes ton ressenti sur votre escapade au salon de l'agriculture.
- Ben tout s'est bien passé, mais il y a un truc qui m'a surpris.
- Ah oui ?
- Devine qui était là ? Benoît.
- Benoît ? Tu veux dire Benoît Sammair ?
- Lui même. Et il a rejoint la police en plus !
- Alors ça c'est inattendu.
- Ouais. Inattendu.
- Hmm… on dirait que tu éprouves des sentiments envers lui.
- Hein ? N'importe quoi ! Comment je pourrais ressentir des trucs pour un gars que je n'ai pas vu depuis 2019 ?
- Tu ne peux pas me mentir Louison. Tu sais que je suis capable de lire dans les émotions. À l'heure actuelle, tu doutes de notre mission car tu as croisé le chemin de ton meilleur ami au salon. Je me trompe ?
- Ben c'est sur que ça ne me laisse pas indifférente. C'était mon seul ami à l'époque.
- Bien sur. Mais tu ne dois pas laisser ce petit bouffon occuper tes pensées Louison. N'oublie pas que tu fais partie du projet de notre maître, et pas lui. Benoît n'est qu'un hérétique, un mécréant dont le feng shui est probablement aussi bordélique que sa coiffure.
- Il a une nouvelle coupe maintenant. Ça lui va bien en plus…
- Tu vois ? C'est ça le problème ! Tu laisses Benoît entrer dans ton esprit, alors que tu devrais rester concentrée sur notre objectif !
- J'ai juste dit que j'aimais bien sa coupe de cheveux ! Je n'ai jamais dit que je voulais retourner auprès de lui ! Il n'a même pas fait l'effort de me comprendre à l'époque !
- Je veux juste te faire savoir que tu n'as pas intérêt à te laisser distraire. Je pourrais très bien te traiter comme un objet et abuser de toi comme tous les autres gourous le font. Mais je ne le fais pas. Pourquoi ? Parce que je fais l'effort de te comprendre, et te considère comme une véritable amie. Ou était Benoît quand tu as failli te faire agresser par ces délinquants juvéniles ? Ou était t'il quand tu était triste ?

Louison hésite. Elle paraît gênée par les questions de Laurent, comme si il l'avait coincée. Elle finit par lui répondre d'une petite voix craintive.

- Il… il n'était pas là.
- Tu vois ? Je suis le seul à t'avoir tendu la main Louison, et je ne tolérerai pas que tu la mordes. Estime toi heureuse que je te traite mieux que Tobias traite son propre fils. Maintenant je dois te laisser. À partir de demain il nous restera plus que trois jours avant l'heure prévue, alors tout doit être prêt.
- Oui.

Laurent s'en va et laisse Louison seule dans la pièce. Son visage trahit une sorte d'inquiétude, sûrement liée à ce fameux Benoît mentionné dans la conversation.

« Je ne sais pas qui c'est ce Benoît mais on dirait qu'il compte beaucoup pour elle.  »

C'est ce que Joaline se dit avant de passer à autre chose en contemplant les animaux enfermés dans la cage d'en face en guise de distraction. La jeune femme finit par s'endormir assez rapidement. Elle ne remarque même pas le gros lézard qui regarde Louison avec beaucoup d'envie.