Comme un pigiste fou je rédige mes pensées figées afin de les rendre intemporelles. Parées de leur plus belle robe, les voilà désormais éternelles. Ces quelques rimes me survivront sûrement, car face à l'infini, mon espérance de vie est un bond de sauterelle. Le temps est un mensonge dans lequel on aime se lover, car l'homme est en quête de chaleur. Je déshabille mes rimes, les voilà dénudées et vulnérables, comme l'homme qui face au temps est perméable. De ma vie je ne serai sûrement jamais assez sage pour devenir un vénérable même si je fais tout pour transformer ce morne récit en une magnifique fable. Je ne peux qu'être enclin à la défaite quand la pioche est vide et ma main pas terrible, voilà que le destin gagne encore en faisant tapis sur la table. Vaincu mais téméraire, même dépossédé je resterai droit et fier. C'est ainsi que j'ai grandi et pris racine, c'est ainsi que la jeune pouce a grandi sous les cymes. Quand Tchaikovsky compose le Lac des Cygnes, je préfère parler des cigognes. Quand d'autres sont aveuglés par la colère, je laisse la tristesse prendre son aise et d'un œil me voilà borgne. Sûrement trop rouge à force de frotter j'ai du mal à le fermer, alors je dormirai à demi-rêve. A défaut de trouver le sommeil, l'inspiration vient abreuver ma verve."

Je sais que ça sera pas excellent. Il n'y a même pas de structure. Mais mon psychiatre pensait que ça serait une bonne idée d'essayer afin de "corriger" ce qu'il appelle une alexithymie