C'est une question intéressante mais je ne peux me résoudre à penser que l'on ne doive pas distinguer une pensée qui serait essentiellement sentimentale et qui n'aurait que l'apparence de la rationalité d'une pensée véritablement rationnelle qui serait en adéquation avec la réalité (comme St Thomas qui définissait la vérité comme l'adéquation de l'intellect avec la réalité).

On peut se la jouer à la Nietzsche et dire que "toute pensée humaine est une rationalisation de nos instincts", ce qui n'est sans doute pas totalement faux, mais à moins d'avoir une théorie très structurée qui permette de justifier ses affirmations et d'y apporter de la mesure, ce qu'il n'y a pas chez Nietzsche qui brille par ses aphorismes sans vraiment proposer un système philosophique qui articule ses affirmations contradictoires, on court le risque d'être repris par des gens sans aucune probité intellectuelle, des sophistes, comme ce fût le cas d'une très grande partie de la philosophie française d'après-guerre, de gauche, déconstructivistes, qui ont dénaturés comme c'est à peine croyable l'oeuvre de Nietzsche par leurs interprétations malades. Chez ce-dernier ça passait, il ne prétendait à produire un "système philosophique". Sauf que chez nos chères philosophes français on est passé des aphorismes à des théories systématiques, fausses, une grande négation de l'être mais par le bas, en le dissolvant dans le devenir, et c'est là que le bas blesse. Ainsi, partant de l'affirmation "l'existence précède l'essence" ou "on ne nait pas femme, on le devient" on arrive quelques décennies plus tard à la théorie du genre et à tout un tas d'autres erreurs qui consistent à nier l'identité des choses.