Si l'objectif du « printemps arabe » était d'établir des régimes démocratiques libéraux capitalistes occidentaux dans la région Moyen-Orient et l'Afrique du Nord avec le moins d'effusion de sang possible, la structure de classe de certains des pays concernés aurait dû être un signal d'alarme suffisant pour indiquer que cela n'allait pas bien se terminer.

En 2016, la Brookings Institution a réalisé une étude intéressante sur la taille de la classe moyenne dans cinq pays de la région MENA (Middle East- North Africa): la Jordanie, la Tunisie, l'Égypte, le Yémen et la Syrie. La dynamique de la classe moyenne et le printemps arabe.

https://www.brookings.edu/blog/future-development/2016/03/18/middle-class-dynamics-and-the-arab-spring/

Définissant la « classe moyenne » comme des personnes « raisonnablement à l'abri de la pauvreté », Brookings a constaté que sur les cinq pays étudiés, seuls deux (la Jordanie et la Tunisie) avaient une classe moyenne à la fin des années 2000 (juste avant que les manifestations du printemps arabe n'éclatent). En outre, en Égypte et au Yémen, la classe moyenne minoritaire s'est encore réduite jusqu'à ne plus représenter qu'un dixième de la population. La classe moyenne syrienne a connu la plus forte croissance, mais comme ses homologues égyptienne et yéménite, elle ne constituait pas une majorité au moment du bouleversement.

Pour qu'une évolution pacifique réussisse, il faut un nombre important de personnes qui possèdent suffisamment de biens pour être obsédées par la politique et chercher des moyens de conserver ce qu'elles possèdent. Ces personnes, « le peuple », ouvrent alors la voie pour renverser la « tyrannie » qui ne donne pas la priorité à leurs intérêts et la remplacer par un système, la « démocratie », qui la donne. Les révolutions de l'Amérique et de la France, ainsi que la lente démocratisation de la Grande-Bretagne, suivent toutes cette trajectoire d'une manière ou d'une autre.

En l'absence de ce grand bloc bourgeois, on se retrouve avec les alternatives suivantes : une classe moyenne plus petite et moins puissante qui se bat avec une masse plus importante de personnes qui ne possèdent rien ou presque pendant ou après la révolution, ce qui conduit au chaos. Ou simplement les gens qui possèdent peu ou rien, dont le seul intérêt est de tirer d'abord et de poser des questions ensuite.

Pour revenir à l'Égypte, où moins de 10 % de la population était modérément riche, les Égyptiens modérément riches, qui voulaient le départ de Moubarak, sont descendus dans la rue pour le faire partir. Les Frères musulmans se sont joints à eux et ont organisé les Égyptiens les plus pauvres pour qu'ils descendent à leur tour dans la rue. Ensemble, ils ont chassé Moubarak... puis se sont affrontés jusqu'à ce que l'armée en ait assez et reprenne le contrôle.

En ce qui concerne la Syrie, où une grande partie de la population, mais pas la majorité, était modérément riche, les Syriens modérément riches sont descendus dans la rue pour obtenir le départ d'Assad. Ils ont pris des armes et ont levé une armée pour remplacer Assad par une démocratie. Certains Syriens plus pauvres sont également descendus dans la rue avec leur propre armée pour remplacer Assad par un régime islamiste.

Les deux groupes se sont donné la main et ont travaillé à se remplacer l'un l'autre, ce qui a donné naissance à une grosse tache noire au milieu de la Syrie qui aime bien couper les têtes et brûler les gens vifs.

Et quelque chose de similaire s'est produit au Yémen. Et en Libye. Et en Irak. Je n'ai même pas parlé de tous les autres clivages qui existent dans ces pays - Arabes contre Kurdes, musulmans contre chrétiens, sunnites contre chiites. Ou les clivages régionaux/internationaux - Arabie saoudite contre Iran, États-Unis contre Russie, Israël contre Iran, Turquie contre tous les autres, etc. Ces facteurs n'ont fait que rendre la situation plus compliquée qu'elle ne l'était déjà.

La principale leçon à tirer du Printemps arabe est que la « démocratie » ne peut tout simplement pas exister partout. Les révolutions peuvent se produire n'importe où, et la région MENA ne fait pas exception, mais si les ingrédients pour « une personne, un vote » ne sont pas réunis, il est probable que l'on assiste à un retour au statu quo ou à quelque chose de bien pire.

L'idéal c'est la dictature du prolétariat après une révolution.

C'est une blackpill assez violente que certains peuples ne peuvent pas encaisser

Ce n'est pas tant le fait que la démocratie soit impossible à mettre en place dans ces pays mais plutôt le fait que ces pays de part leur structure idéologique er de gestion de masse, ne sont pas fait pour la démocratie

L'exemple de la Chine est l'un des plus pertinents

Il faut que l'homme lambda arrête de rêver et croire qu'il peut changer quelque chose

très intéressant, je sais pas trop si c'est vrai ou faux, faudrait que je me penche sur la question, mais c'est intéressant