Tanger. 1955
La chaleur est accablante. Le bitume fond. Les ânes transpirent.
Jean-Luc Mélenchon, 6 ans, débardeur troué, déjà le regard noir et une légère odeur de cumin sous les bras, joue à jeter des cailloux sur les militaires français en criant "Impérialistes, dégagez !".

Et soudain… le temps se fige.
Le vent s'arrête.

Elle arrive.

Elle.
Fatima. Zineb. Nadia. On ne sait plus trop.
Peut-être toutes à la fois.
Elle lévite. En babouches.
Ses yeux sont deux olives noires taillées dans l'insolence.
Son regard le transperce comme un sabre de lumière halal.

Elle lui dit :

"Jean-Luc… tu dois tout brûler. Les cravates. Les riches. Le Code civil. Tout."
"Et si tu veux me revoir… t'as intérêt à soulever toute la France."

Il tombe à genoux. Il bave. Il promet. Il jure.
Il vendrait sa mère, ses idéaux, son âme pour une seule tresse d'elle.

Depuis ce jour, Mélenchon n'est plus un homme.

C'est une entité politique mue par le désir profond d'être validé par une beurette astrale, une déesse du souk, une apparition mystique qui lui a fait rater l'école, les relations stables, et tout espoir de normalité.

Chaque discours qu'il fait est en réalité une incantation pour la faire revenir.
Chaque fois qu'il crie "La République, c'est moi !", ce qu'il veut dire c'est :

"Fatimaaaa, reviens, j'ai mis du musc et j'ai préparé du thé à la menthe..."

Il a essayé de la retrouver.
Partout.
Dans les manifs.
Dans les kebabs de Marseille.
Dans une barquette de frites froides sauce harissa à Barbès, où il a cru voir son sourire entre deux patates molles.

Elle n'est jamais revenue.

Mais chaque nuit, Mélenchon rêve.
Il rêve de Fatima qui twerke en djellaba sur un camion de la CGT en feu.

Et dans son sommeil, il murmure :

"... oh Fatima"