Rentrer du boulot, seul. L'appartement vide et froid, comme une coquille abandonnée. Les murs nus, sans âme, témoins muets d'une existence dépourvue de sens. La lumière blafarde des néons éclaire à peine les recoins sombres, où les ombres semblent murmurer des vérités insupportables.

Avoir la flemme de se faire à manger. Ouvrir le frigo, y trouver une bière aussi fraîche que ton lit double glacé. La décapsuler, sentir le liquide amer couler dans ta gorge, anesthésiant momentanément la douleur de l'absence. Chaque gorgée est une tentative désespérée de remplir le vide, de combler l'abîme qui s'élargit chaque jour un peu plus.

S'installer sur le forum 18-25 ans, à 41 ans. Les doigts tapotent mécaniquement sur le clavier, les mots s'alignent sur l'écran, des phrases acerbes, des répliques cinglantes. Troller les jeunes innocents, ces êtres encore pleins d'espoir et de rêves, qui ignorent la cruauté du monde. Leur rire, leurs blagues, leurs préoccupations futiles, tout cela te semble si lointain, si étranger. Tu te demandes comment tu as pu être comme eux, un jour.

Une vie de solitude. Les heures s'étirent, interminables, chaque minute est une éternité. Les souvenirs des jours heureux, des visages aimés, s'estompent peu à peu, remplacés par une amertume tenace. Tu te dis que tu aurais pu, que tu aurais dû faire autrement. Mais il est trop tard, bien trop tard.

Alors, tu continues à troller, à boire, à te perdre dans les méandres de l'internet. Parce que c'est tout ce qui te reste. Parce que c'est ta seule échappatoire, ta seule manière de survivre dans ce monde qui t'a oublié.

Écris un roman.

Manque plus que la clope.

C'est moi