Schopenhauer lance une balle perdue à Hegel dans son clash

OP
AS

ArthurSchopen5

il y a 10 mois

Depuis la scolastique, et plus exactement depuis Platon
et Aristote, la philosophie n'a été en grande partie qu'un long abus
des concepts généraux, comme par exemple la substance, le
principe, la cause, le bien, la perfection, la nécessité, etc. Cette
tendance des esprits à opérer avec des concepts aussi abstraits et
d'une extension aussi démesurée, se retrouve à presque toutes les
époques ; peut-être provient-elle d'une certaine paresse de
l'intelligence, qui trouve trop pénible de contrôler perpétuellement
la pensée par l'intuition. Peu à peu ces concepts trop étendus sont
employés à peu près comme des signes algébriques, et, comme eux, introduits partout à tort et à travers ; d'où vient que la philosophie
n'est plus qu'un art de combiner, une manière de calcul qui, comme
toute opération numérique, n'occupe et n'exige que des facultés
inférieures. Que dis-je ? Elle dégénère en une véritable hâblerie ;
nous en avons eu le plus détestable modèle dans cette Hégélerie
abrutissante, qui n'a pas reculé devant la pure insanité. Mais la
scolastique, elle aussi, est souvent tombée dans la hâblerie.

OP
AS

ArthurSchopen5

il y a 10 mois

Autre extrait :

Or, c'est une déplorable illusion
de croire qu'une doctrine comme celle de Kant puisse être étudiée
ailleurs que dans les textes originaux. Je dois même dénoncer au
public les analyses qui en ont été données, et surtout les plus
récentes ; il y a quelques années à peine, j'ai découvert dans les
écrits de certains hégéliens des expositions de la philosophie
kantienne qui touchent au fantastique. Mais aussi, comment des
esprits faussés et détraqués dès la première jeunesse par les
extravagances de l'hégélianisme seraient-ils encore en état de suivre
les profondes spéculations d'un Kant ? Ils sont de longue main
habitués à prendre pour une pensée philosophique le plus vide des
bavardages, à traiter de finesse une sophistique misérable, et de
dialectique un art puéril de déraisonner ; à force d'accepter les
combinaisons les plus insensées de termes contradictoires, où
l'esprit se torture et s'épuise inutilement à découvrir un sens
intelligible, ils en sont arrivés à se fêler le cerveau.