Tu crois connaître ton chez-toi ? Tu crois que ce bois sous tes pieds est juste... du bois ? Détrompe-toi.

Le bois se souvient. Chaque pas, chaque ombre qui l'a foulé, chaque secret chuchoté dans l'obscurité... Tout est là, tapi sous la surface vernie.

Regarde-le... Il est vieux, fatigué, strié de cicatrices du temps. Par endroits noirci, ailleurs... d'une douce teinte miel. Une illusion. Un piège.

Tu la vois, cette teinte miel ? Elle dégage un parfum de cire ancienne, un soupçon d'humidité et une touche de moisi, comme un secret murmuré depuis des siècles.

Et cette odeur... Oh, tu la sens, n'est-ce pas ? Ce mélange de poussière, de terre humide... et cette note résineuse, presque animale. Le bois retient tout. Chaque parfum, chaque souvenir. Il est vivant, et il t'observe.

Hier, il y avait dix-sept marches.

Aujourd'hui ? Dix-huit... Dix-neuf...

Et puis, le toucher... Rugueux, abrasif. Mais parfois, doux, presque... vivant. Oh oui, il vit. Il respire sous ta main.

Et tu veux connaître le pire ?

Je l'ai goûté. Oui. C'est du chêne. Un goût tannique, métallique... humide... exactement comme celui du manoir de Luc... à Pluzunet.

Le goût reste en bouche, persistant, mêlé d'une amertume profonde et d'un soupçon d'acidité. Chaque fibre du bois semble chargée d'histoire, imprégnée d'un savoir ancien.

Le même bois.

Le même goût.

Le même destin.

Et maintenant, c'est à toi.

Le gland est en toi. Il pousse. Il grandit. Et bientôt... il te connaîtra mieux que toi-même.

Je dois le faire tomber... comme à Pluzunet... Avant qu'il ne m'emporte...

Bonne chance. Tu es maudit.