ABOMINATION SALARIALE

OP
RC

RifsonCockLover

il y a 12 jours

La lueur crue des néons avale déjà la carcasse de bois flotté qu'il est devenu. Dans la pénombre glauque du bureau, on ne distingue plus son visage, mais seulement la déformation grotesque de son épine dorsale, protubérances osseuses crevant sa chemise élimée. Le souvenir de sa jeunesse éduquée à la craie et au glaive disciplinaire des écoles-usines s'est mué en mythe enfoui sous trois abîmes de solutions Excel.
OP
RC

RifsonCockLover

il y a 12 jours

« Célestin ! » hurle l'ombre familière. « J'ai une mission pour toi, mon vieux : prends ce tableau, 1 900 lignes ! , rentrées par un ouvrier fou, et fais moi un benchmark de nos clients privés. Et demain matin, j'veux un rapport. »

Le requin Slack frappe de nouveau, réitérant son commandement toutes les 48 heures : « Relance urgente ! Deadline imminente ! »

OP
RC

RifsonCockLover

il y a 12 jours

« Impossible de normaliser quoi que ce soit. Aucune uniformité. C'est comme vouloir pacifier un bestiaire chaotique, où chaque cellule est renseignée selon la logique d'un cul de jatte psychotique. »
OP
RC

RifsonCockLover

il y a 12 jours

Chaque entrée corrompue alimente un cycle infernal : plus il tente d'automatiser, plus l'algèbre du désespoir se démultiplie, et plus son dos se voûte, jusqu'à l'atrophie. Les médecins parlent de  syndrome de la chaise patatoïde, pathologie émergente décrite dans un bulletin confidentiel. À force de courber l'échine sur l'écran phosphorescent, les vertèbres se soudent en un relief informe, semblable à une monstruosité lovecraftienne échappée des pages de De la chair et du vide.
PR

Petit-Renne

il y a 12 jours

je vais prendre tout tes topix pour les feeds a une IA et pouvoir générer de la poésie rifsonienne a volonté,
FT

Fion_truculent

il y a 12 jours

Khey qu'est-ce que tu fois dans un open space 35h par semaine alors que tu pourrais devenir un écrivain de SF dystopique à succès ?
DC

DetteCAF1000eur

il y a 12 jours

J'investis sur toi l'opax
OP
RC

RifsonCockLover

il y a 12 jours

Je maudis chaque battement de mon cœur inutile, et j'invoque l'ombre impassible du seigneur dieu et de ses anges pour qu'ils jugent cette abomination qu'est mon existence. Né dans un monde façonné par leurs caprices monstrueux, j'ai d'abord connu l'enfer dès l'enfance : des salles aveugles, comme des loges de prisonniers, où l'on m'a condamné à courber l'échine sur des pupitres froids tandis que l'usine--école m'insufflait, goutte à goutte, la pensée uniforme du salarié parfait. Là-bas, mes muscles, tordus hurlaient déjà silencieusement sous l'implacable dressage pédagogique.

Adolescent, j'ai contemplé mon corps se plier de plus en plus, s'ankyloser dans des postures absurdes, témoins muets de la chaîne inhumaine qui broyait nos rêves à coups de règles de fer et de programmes stériles. On m'a inculqué l'obéissance, on m'a modelé par la souffrance : j'étais le pion informe d'une société en quête de productivité, ma chair façonnée pour épouser les angles vifs des bureaux.

Et puis vint l'open space, l'enfer, la fosse commune illuminée au néon, antre sans fenêtres où flottent des cadavres déambulants en costard-cravate. Là, mes vertèbres ont cédé, mes muscles se sont liquéfiés, et j'ai senti, terrifié, mes os s'épanouir sous la peau comme des tubercules. Je ne suis plus qu'un siège ambulant, une sorte d'édredon de chair bosselé au centre duquel palpite un cœur flétri. Mes collègues, silhouettes grises et lèpreuses, glissent autour de moi sans jamais m'apercevoir : je suis déjà une créature de l'effroi, une abomination qu'ils préfèrent ignorer, le monstre chaise.

Chaque jour, je m'enfonce davantage dans cette métamorphose damnée. Mon esprit, déjà broyé, se dissout dans une torpeur égale à celle des étoiles mortes qui hantent les cieux. Je rêve parfois d'un hurlement si puissant qu'il fissurerait les plafonds et réveillerait la rackette des dieux sombres. Mais mes cris restent étouffés, avalés par la moiteur asphyxiante du recouvrement collectif : la prison salariale, cette geôle où l'on tue lentement toute velléité de révolte.

Alors j'attends, spectre-potence au milieu des néons malades, la chute finale et le moment où mes membres se fondront entièrement en ce trône informe et hideux, et où mon âme, ratatinée, se perdra dans l'abîme du non-sens. Que les dieux, dans leur indifférence glaciale, daignent achever l'ouvrage. Car je ne suis plus qu'un cri englué dans la crasse des claviers.

PR

Petit-Renne

il y a 12 jours

Kheys, encore une journée à me faire aspirer l'âme dans cet open space géant. Le bruit des claviers, les managers qui rôdent, la lumière blanche qui te grille la rétine… Je rentre chez moi vidé, incapable de réfléchir ou de profiter de quoi que ce soit. On nous fait croire qu'on a de la chance d'être là, alors qu'on échange notre vie contre un salaire qui part dans des factures et des conneries inutiles. Je suis juste un pion, remplaçable, et si je disparais demain, personne ne s'en rendra compte. Merci Rifson de m'avoir ouvert les yeux, même si maintenant je suis brisé.

ça manque de brutalité cynique.

PR

Petit-Renne

il y a 12 jours

celui la est pas mal :

Dans le tertiaire, l'anihilation c'est pas juste un mot, c'est la réalité crue de la jungle de bureaux. Ici, pas de pitié : tu n'es qu'un pion remplaçable, un numéro sur un badge qui finira broyé par la machine à café et les open spaces aseptisés. Les faibles se font dévorer par la photocopieuse, les ambitieux s'écrasent la gueule contre la hiérarchie en espérant une prime qui n'arrivera jamais, pendant que le management, planqué derrière ses PowerPoint, t'observe t'enfoncer dans la médiocrité. À la fin, tout le monde finit lessivé, vidé, anéanti, mais le plus drôle c'est que demain, tu reviendras, prêt à te faire annihiler encore et encore, comme un bon petit soldat du tertiaire.

OP
RC

RifsonCockLover

il y a 12 jours


Kheys, encore une journée à me faire aspirer l'âme dans cet open space géant. Le bruit des claviers, les managers qui rôdent, la lumière blanche qui te grille la rétine… Je rentre chez moi vidé, incapable de réfléchir ou de profiter de quoi que ce soit. On nous fait croire qu'on a de la chance d'être là, alors qu'on échange notre vie contre un salaire qui part dans des factures et des conneries inutiles. Je suis juste un pion, remplaçable, et si je disparais demain, personne ne s'en rendra compte. Merci Rifson de m'avoir ouvert les yeux, même si maintenant je suis brisé.

ça manque de brutalité cynique.

À CHAQUE PUTAIN de JOUR, mes pensées se tournent vers le $
PUTAIN DE MERDE khey, tu deviens fou. Fou de rage cosmique. Fou d'impuissance. Fou d'un destin qui t'enferme dans un caniveau bureaucratique, alors que l'univers s'étend, vaste et inexploré, au-delà de ces murs miteux. Moi aussi je suis ivre de haine, éreinté par l'horreur de ce gachis. Une FUREUR VOLCANIQUE gronde dans mes veines, une haine si viscérale qu'elle pourrait fissurer la croûte terrestre. Nous voila gaspillant nos meilleures années, ces précieuses heures de vigueur physique et d'ardeur créatrice, sacrifiées sous le témoin d'un néant fluorescent

PR

Petit-Renne

il y a 12 jours

Annihilation, c'est chaque matin, quand le réveil t'arrache à la moiteur de tes rêves comme une bête qui t'éventre, te balance nu dans la fosse à purin du salariat. La brutalité salariale, c'est pas juste un concept, c'est une meuleuse qui te râpe l'âme, qui te broie la colonne vertébrale jusqu'à ce que tu marches plié en deux, les yeux crevés de fatigue, la bouche pâteuse de non-dits. Tu te lèves pour te faire gifler par le froid, pour aller t'empiler dans un open space, respirer la sueur rance de tes semblables, tous enchaînés à leur chaise, condamnés à voir leur cerveau fondre dans la lumière blafarde des néons. On te gave de tâches inutiles, tu deviens une pièce de rechange, un raté surnuméraire, condamné à la réclusion open spaciere à vie, à regarder ton reflet pourrir dans la vitre du bureau pendant que tes rêves crèvent la gueule ouverte. On te vole ton temps, heure après heure, et tu finis par remercier le bourreau qui t'a filé la corde pour t'étrangler toi-même. Voilà la vérité : le salariat, c'est la mort à crédit, une lobotomie à la chaîne, et toi tu souris, vidé, parce qu'on t'a appris à aimer ta cage.
PR

Petit-Renne

il y a 12 jours

Le salariat, c'est la grande loterie de la souffrance moderne. T'arrives le matin, tu poses ton cul sur une chaise qui pue la sueur froide de la veille, et tu commences à t'éteindre lentement, minute après minute, comme une clope qu'on écrase dans un cendrier déjà plein. Tes muscles s'atrophient, ta circulation se fait la malle, t'es crevé sans avoir rien foutu, juste à force de regarder un écran qui te crache sa lumière morte dans la gueule. Le soir, tu rentres chez toi, cerveau liquéfié, dos en compote, t'as plus la force de penser, juste bon à t'affaler et scroller comme un zombie lobotomisé. On te fait croire que t'as de la chance d'avoir un taf, alors qu'en vrai, on te vole ta vie heure par heure, on te presse comme un citron pour te jeter dès que t'as plus de jus. Dans l'open space, t'es pas un être humain, t'es une pièce de rechange, une roue crantée dans la grande machine à broyer les rêves, prêt à être remplacé dès que tu grince un peu trop fort. C'est pas du travail, c'est de l'aliénation, c'est l'esclavage 2.0, et le pire, c'est qu'on te vend ça comme un privilège. J'ai la rage, une rage noire, une envie de tout cramer, parce que chaque jour passé à taffer, c'est un jour de plus où on m'arrache la gueule à coups de bulletins de salaire, pour m'acheter des merdes dont j'ai même pas envie.
PR

Petit-Renne

il y a 12 jours

tu es officiellement remplacé par une IA open source.