Les révélations des années 90 n'ont fait que confirmer ce que les procès de Tokyo et les historiens disaient déjà depuis des décennies. Imaginer que tout a été caché jusque-là, c'est juste nier la réalité. Ces faits étaient connus bien avant, et pourtant, la monarchie japonaise est toujours debout. Pourquoi ? Parce que malgré tout, les Japonais n'ont jamais jugé bon de la renverser. Si leur légitimité ne tenait qu'à un mensonge, elle se serait effondrée dès que la vérité est sortie. Mais non, elle est toujours là. Et ça, peu importe à quel point ça te fait rager.

Si la stratégie était de tout cacher en sacrifiant un bouc émissaire, alors pourquoi la vérité a-t-elle fini par éclater ? Pourquoi des historiens japonais eux-mêmes ont-ils mis en lumière ces crimes ? Une dissimulation parfaite aurait enterré ces faits à jamais, or ce n'est pas le cas. La réalité, c'est que la monarchie a survécu non pas parce que tout a été effacé, mais parce que, même une fois les vérités révélées, les Japonais n'ont pas jugé nécessaire de l'abolir. Au final, peu importe combien tu hurles au scandale, eux ont déjà tranché.

Si Pétain n'était qu'un "pauvre vieillard manipulé", alors pourquoi a-t-il signé de lui-même les lois antisémites ? Pourquoi a-t-il assumé la collaboration sans jamais chercher à se défendre autrement qu'en la justifiant ? Dire qu'il était perdu, c'est juste une excuse facile pour ceux qui refusent d'admettre qu'il a trahi en toute conscience. Laval n'a rien fait sans son accord, et Pétain était le chef de l'État, pas un pantin. Se cacher derrière son âge, c'est juste une tentative pathétique d'absoudre l'inexcusable.

Si la génération suivante était "moins rancunière" au point de laisser passer des crimes impardonnables, alors pourquoi des pays comme l'Allemagne ont-ils condamné leurs propres dirigeants nazis bien après la guerre ? Pourquoi le Japon lui-même a-t-il reconnu et enseigné certains de ses crimes, même tardivement ? La vérité, c'est que la rancune seule ne dicte pas l'histoire. Ce qui compte, c'est la volonté collective de juger ou de tourner la page.

Et si, malgré tout, les Japonais n'ont pas "défoncé" leur empereur, c'est bien parce qu'ils ne l'ont jamais perçu comme responsable au même niveau que ceux qui ont réellement payé de leur vie ou de leur liberté. Ce n'est pas l'oubli, c'est un choix. Et ça, c'est une réalité que même toute ta rage ne changera pas.