Cela fait maintenant une demi-heure que vous patientez avec Barrios à l'accueil du département de surveillance en cette fin d'après-midi. Si vous inspirez un certain calme, il n'en est rien de Barrios. Celle-ci alpague depuis son arrivée tous les agents passant à proximité de vous pour leur demander sur un ton agacé s'ils savaient quand seriez-vous reçu ? Une porte finit par s'ouvrir et un agent que vous aviez déjà aperçu la dernière fois parut. Il affichait le sourire niais qui l'avait déjà caractérisé la dernière fois et l'avait imprimé dans votre mémoire.

- Bonjour, capitaine Barrios et major Chancla. Vous vouliez me voir ?

Barrios et vous vous approchez de lui, votre supérieur un peu plus. Si la situation l'agaçait déjà, l'énervement qui transparaissait désormais alerta le policier qui faiblit son air simplet un instant, avant de le reprendre comme un retour au naturel indépassable. Ce mouvement involontaire irrita un peu plus Barrios qui y voyait là une nouvelle preuve de la déconsidération dont vous étiez victime depuis votre arrivée. Elle réussit pourtant à contenir son ton et n'émailla ses paroles que de quelques voyelles un peu plus appuyées.

- Oui, nous aurions quelques questions à vous poser.
- Je tâcherai d'y répondre.
- À quelle heure a commencé la panne des caméras près du quartier Boucicaut la nuit du premier meurtre de l'Ornemaniste ?
- Attendez que je me remémore... vers minuit, je crois.
- Et quand vous a-t-elle été signalée ?
- Immédiatement, puisque nous avions vu en direct que nous avions perdu le retour caméra.
- Qui était de garde ce soir-là ?
- Le brigadier Coppée et moi-même.
- Toute la nuit ?
- Oui, toute la nuit.
- Et quelle était la nature de la panne ?
- Un défaut d'alimentation. Un câble endommagé en amont.
- Donc les caméras ne pouvaient rien filmer ?
- C'est exact.

Vous lui tendez alors, avec un sourire en coin, la feuille que vous aviez entre vos mains.

- Alors comment ce malheureux citoyen a-t-il pu être verbalisé ?

Il prend la feuille et la parcourt des yeux. Son sourire niais disparaît.

- Je... Il y a dû avoir des alternances de jus et certaines caméras ont pu fonctionner pendant de courts instants.
- Vous avez réponse à tout, vous.
- ...
- On peut monter pour jeter un œil à vos postes ?
- Je ne préfère pas. J'ai des hommes qui y travaillent et je ne suis pas sûr que vous soyez actuellement dans l'état émotionnel de faire cela dans le calme.

Barrios écarquille ses yeux et fait une expiration brève d'outragée. L'inquiétude s'établit définitivement dans le regard de l'agent tandis que la tournure de la discussion vous amuse.

- Répétez ce que vous venez de dire.
- Je préfère que vous ne montiez pas à la salle de surveillance et que nous en restions là.

Barrios s'apprêtait à rétorquer, mais vous la devancez.

- Qui était le responsable de la salle cette nuit-là ?
- C'était moi.
- Donc rien n'aurait pu arriver à ces enregistrements sans que vous soyez au courant ?

L'agent déglutie.

- ... Non.
- C'est intéressant. Et donc, vous assurez qu'il y a bien eu une panne et que nous ne pouvons pas voir les enregistrements ?
-... Oui.
- Nous prenons en compte votre réponse.

Vous lui reprenez le procès-verbal des mains.

- Bonne chance avec l'enquête interne.
- L'enquête interne ?

Barrios fait un pas de plus vers lui et lui présente le sourire d'une colère satisfaite avant de prendre progressivement la direction de la sortie. Vous restez pour croiser votre regard avec celui apeuré de l'agent.

- Quel dommage...

Vous vous dirigez à votre tour vers la sortie.

- ... Attendez ! Je n'y suis pour rien, j'ai reçu des ordres.

Barrios et vous vous retournez vers l'agent.

- Des ordres de qui ?
- ... Je... Je perds mon travail si je vous le dis.
- Vous ne le garderez pas plus en vous taisant.
- Je suis désolé, je ne peux rien dire.
- Alors, je vous apporterai moi-même lundi votre lettre de renvoi.
- Je...
- Tenez, voici nos numéros, au cas où vous teniez à votre emploi.

Vous lui tendez une des cartes de visite de Barrios auquel vous aviez ajouté votre numéro au dos. Complètement sonné, l'agent la prend sans la regarder et en plongeant ses yeux implorants dans les vôtres. Vous tournez les talons et marchez vers la sortie sans montrer le moindre signe de compassion. Parvenu à la voiture dans laquelle Barrios vous attendait, vous prenez place sur le siège passager et refermez la portière.

- Tu lui as donné la carte ?
- Oui, capitaine.
- Parfait. Laissons-lui week-end pour cogiter et examiner sa situation. Il va voir qu'il a tout à y perdre, certainement en parler à sa femme, et elle va le pousser à tout balancer. Lundi, nous saurons où sont nos enregistrements.
- Alors pourquoi as-tu demandé à Lucien de faire une demande d'enquête ?
- Pour que s'il venait à l'idée de notre brigadier de vérifier mes dires dans le week-end, qu'il voie que je ne bluffais pas. Même si on nous la refuse lundi, il aura déjà choisi de tout balancer.

Barrios met le contact tandis que vous attachez votre ceinture. Elle sort du parking et prend la direction du poste.

- Tu as bien assuré tout à l'heure. Tu gagnes en confiance et tu es plus à l'aise. C'est bien.
- Merci.
- J'ai vu que tu avais mis ton rapport sur mon bureau. Je lirai ça dans le week-end. D'ailleurs, en parlant de ça, j'ai prévenu Gréville que nous ne travaillons pas demain. Des agents filent Vincent Turpinier et notre brigadier nous dira tout ce que nous voulons savoir certainement lundi. D'ici là, on se repose, car pas de jour férié pour nous ensuite. Nous sommes de perm'. J'espère que tu n'avais rien de prévu pour le Nouvel An ?
- Non non,... je me doutais que nous travaillerions.

Vous regardez autour de vous la nuit s'abattre sur la ville tandis que vous réfléchissez à l'organisation de votre week-end.

Vous n'aurez pas d'obligation demain en fin d'après-midi (samedi 28). Et si vous essayiez d'organiser quelque chose ?

1) Vous proposez à Barrios et à Gréville d'aller boire une bière ensemble dans un bar.
2) Vous inviterez les Samain à prendre un café/goûter à votre appartement.
3) Vous passerez au domicile de Kaya.