Odoacre et Théodoric gouvernaient l'Italie au nom de Rome. Les institutions, l'administration, les lois, la bureaucratie y étaient maintenues et continuaient de fonctionner sur le modèle Romain.

D'aucuns pourraient avancer l'idée que l'empire d'Occident continuait d'exister. Il n'avait simplement plus d'empereur à sa tête, se contentant d'un simple patrice reconnu par Constantinople.

Les guerres gothiques se sont inutilement enlisées. L'Italie et la Dalmatie reviennent sous le giron de l'empire Romain, certes, mais à quel prix ? Elles ont non seulement ruiné la ville de Rome - qui, pour rappel, ne retrouvera le million d'habitants qu'au XIXème siècle - mais aussi la péninsule apennine tout entière (coût humain et financier significatifs, destructions des infrastructures, instabilité politique...) qui, de toute manière, ne devait rester sous la dépendance de l'Orient qu'éphémèrement avant de succomber à la ruée Lombarde.

Les ressources dont disposait Constantinople ne suffisaient plus à gouverner un empire aussi étendu. Pour défendre et maintenir les territoires nouvellement acquis (Afrique, Italie, Dalmatie, Espagne...), Byzance devait non seulement renforcer ses armées, mais aussi maintenir une présence militaire constante dans un territoire considérablement élargi ce qui impliquait en retour un besoin accru de soldats, de généraux et de ressources matérielles (armes, nourriture, équipement), coûteux à entretenir, surtout avec des moyens logistiques limités pour soutenir les armées sur de longues distances, aggravant ainsi la pression financière.

Les routes, les ports, et les villes devaient être renforcés et maintenus pour permettre la circulation des troupes et des ressources. Les besoins en matière d'approvisionnement en nourriture, en munitions, et en matériel pour les soldats étaient devenus encore plus pressants. L'empire devait donc allouer de plus en plus de ressources pour reconstruire, entretenir et améliorer ses infrastructures, ce qui alourdissait considérablement son budget.

N'oublions pas que l'empire en lui-même se caractérise déjà, à la base, par une structure hautement complexe. L'ajout de nouvelles provinces nécessitait de ce fait une administration plus lourde : de nouveaux fonctionnaires, des systèmes fiscaux élargis et de nouvelles lois devaient être établis pour maintenir l'ordre dans ces territoires, augmentant ainsi les coûts administratifs et compliquant la gestion des différentes régions, souvent culturellement et économiquement distinctes.

Bref, inutile de rappeler que le financement de cette administration croissante et des efforts pour assurer la loyauté des populations nouvellement conquises ont imposé un fardeau sur les finances impériales, et presque aliéné l'affection du peuple pour son souverain (Justinien était impopulaire de son vivant en raison d'un poids fiscal qu'il avait significativement alourdi et qui pesait sur la population).