S'il existe dans l'histoire romaine une figure aussi cruellement éclipsée que lui - souvent au profit de figures plus connues telles que Néron, Trajan ou encore Marc-Aurèle -, Septime Sévère n'en représente pas moins un tournant.

C'est sous la dynastie des Sévères que l'armée devient véritablement un facteur crucial dans la légitimation et le maintien du pouvoir impérial. Dès lors, c'est aux bonnes faveurs qu'il prodigue à l'égard des structures militaires - notamment l'augmentation des soldes, qui caractérise si bien le règne de Caracalla - que l'empereur devra la réalité même de son pouvoir. La dépendance du pouvoir public romain vis-à-vis de l'armée en ressort renforcée, achevant ainsi d'affaiblir la société civile et son lot d'institutions, garantes de l'ordre, et de les inféoder complètement à la société militaire.

Autrefois, le choix de l'empereur était étroitement encadré, le Sénat jouant un rôle important de ratification du pouvoir. Il en ressortait que l'empereur était issu de l'aristocratie sénatoriale, soumis à un lot de pratiques strictes devant garantir la préservation de la société civile.
Après les Sévères, la majorité des empereurs étaient des généraux ambitieux portés au pouvoir par des coups d'états.

En d'autres termes, les Sévères posent les bases de la militarisation de la politique impériale qui caractérisera les crises du IIIe siècle et qui, à terme, sous Dioclétien, conduira au Dominat, c'est-à-dire une conception absolutiste du pouvoir impérial - rompant avec l'illusion républicaine du Principat - où la figure de l'empereur, assimilé à un être sacré et inviolable, se voit désormais comme l'incarnation du pouvoir divin sur Terre. Il est adoré comme une figure divine et son pouvoir, sacralisé : en témoignent les cérémonies, des statues, et des temples qui lui sont dédiés, à l'image des tyrannies orientales.