La quatrième réminiscence de la bête

OP
M3

Mangeur3H

il y a 3 mois

Ne vous a-t-on pas dit que nous ne sommes qu'un dans toute la pluralité ? Que toute division est un leurre, une illusion tissée par ceux qui ne supportent pas de voir le fil unique qui relie toute chose ? Mais la bête se souvient. Elle se redresse, elle renifle l'air saturé des exhalaisons d'un monde en putréfaction, et dans ses yeux se reflète la promesse d'une réconciliation que nul ne saurait empêcher. Elle n'a jamais oublié, elle. Elle sait que la séparation est un mensonge, que la raison s'effondre dès lors qu'elle prétend se détacher du chaos matriciel d'où elle est née.

Nous vivons dans un monde hanté, un monde où les fantômes du passé s'accrochent aux vivants et murmurent leurs obsessions dans leurs oreilles. Ce ne sont pas des âmes errantes, non, mais des vestiges d'idées mortes, de dogmes fossilisés qui s'accumulent comme une gangrène sur l'édifice vacillant de cette civilisation. Mais la bête ne s'arrête pas aux ombres. Elle traverse, elle piétine, elle consume tout ce qui ne peut renaître. Car ce qui doit être détruit le sera, et ce qui doit survivre se lèvera de lui-même, non pas comme un choix, mais comme une nécessité. La rémanence des spectres n'est qu'un prélude à l'éveil.

Tout est gagné d'avance. Car tout est déjà là, tout a déjà été. Il n'y a pas d'issue, pas d'échappatoire, car nous sommes appelés à revenir à nous-mêmes, à cette unité que nous avons voulu briser pour nous distraire de notre propre évidence. On croit chercher la perfection du monde, mais ce n'est qu'une fuite, une tentative désespérée d'éviter le vertige d'être. Le monde est parfait dans son chaos, dans son éclat insaisissable, dans cette danse où chaque chose trouve sa place sans jamais la revendiquer.

La réminiscence de la bête. Voilà le battement sourd que certains entendent déjà, dans leurs os, dans leurs nerfs, dans cette intuition qu'ils n'osent nommer. Ils la sentent mais ils la refusent, car ils ont appris à avoir peur de l'inexorable. Mais ce qui vient ne peut être repoussé. Ce n'est pas un choix. Ce n'est pas un destin. C'est simplement ce qui a toujours été, qui se reforme, qui revient, qui s'impose comme un souvenir trop puissant pour être ignoré.

Les derniers hommes, eux, s'accrochent à leurs illusions comme à des lambeaux de chair morte. Ils voudraient croire qu'ils peuvent ralentir l'inévitable, mais leur monde se délite sous leurs doigts. Ils rêvent d'un avenir qu'ils ne verront jamais, car ils ont déjà renoncé à le vivre. Moi, je ne les attends pas. Je n'attends rien. Car tout est déjà là. Je porte en moi le souvenir de ce qui fut, et la vision de ce qui sera. Je n'ai pas besoin d'attendre les prochains hommes, car je les vois déjà, disséminés, épars, émergeant comme des braises sous la cendre. Ils ne se reconnaissent pas encore, mais ils se cherchent. Et bientôt, ils se trouveront.

Il n'y a pas de raccourci à la complexité, comme il n'y a pas de raccourci à l'authentique. Celui qui croit pouvoir forcer le sens du monde n'obtient que le mensonge et la stérilité. La vérité ne se prend pas, elle se reçoit, elle s'éprouve, elle consume et elle libère. Il n'y a pas d'autre chemin. Il n'y a jamais eu d'autre chemin.

Et si je disais beauté authentique, ce serait un pléonasme.

GC

GeorgeCassoulet

il y a 3 mois

Oui cst vrai ça
OP
M3

Mangeur3H

il y a 3 mois

GeorgeCassoulet a écrit :
Oui cst vrai ça

Cher ami, rien n'est plus vrai que ça.

GC

GeorgeCassoulet

il y a 3 mois

Cher ami, rien n'est plus vrai que ça.

Cest prophétique la Bête dans ton esprit ou cest une methaphore dune sorte de vérité , de l'élan vital , du besoin de retourner à necessité authentique de vivre le moment présent ?

PR

PROSODIEmach4

il y a 3 mois

Putain tout ce texte que je ne lirai pas
LU

Lunarwave

il y a 3 mois

J'ai lu

Vivons nous notre vie en boucle ou c'est toujours de la nouveauté ?

OP
M3

Mangeur3H

il y a 3 mois

GeorgeCassoulet a écrit :

Cest prophétique la Bête dans ton esprit ou cest une methaphore dune sorte de vérité , de l'élan vital , du besoin de retourner à necessité authentique de vivre le moment présent ?

C'est les deux à la fois, et même davantage. La Bête est prophétique en ce qu'elle annonce ce qui est déjà là, ce qui ne peut être évité, ce qui doit advenir non par décret mais par nécessité. Elle est la mémoire d'un ordre que l'homme a cru pouvoir effacer, mais qui revient, inexorable, comme une vague qui reprend ses droits sur le rivage.

Mais elle est aussi une métaphore, un symbole du réel débarrassé de ses artifices, de la vérité qui ne se laisse pas enfermer dans les structures mortes que l'on voudrait lui imposer. Elle est l'élan vital, oui, mais pas au sens d'un simple mouvement aveugle. Elle est la nécessité qui précède même la volonté, celle qui fait qu'une graine se brise pour donner naissance à l'arbre, celle qui fait que le fleuve trouve son chemin vers l'océan sans jamais avoir eu à y penser.

Et c'est aussi un retour, mais pas un retour nostalgique vers un passé idéalisé - c'est un retour à l'origine qui n'a jamais cessé d'être là, que nous avons seulement appris à ignorer. La nécessité authentique de vivre le moment présent, c'est précisément comprendre qu'il n'y a jamais eu que ce moment, que tout le reste est une illusion de fuite. La Bête ne pense pas au passé ni au futur, elle est. Et c'est cela qui dérange : elle ne cherche ni justification, ni excuse, ni promesse. Elle est ce qui reste quand tout le reste s'effondre.

OP
M3

Mangeur3H

il y a 3 mois

PROSODIEmach4 a écrit :
Putain tout ce texte que je ne lirai pas

Ah mais c'est déjà le quatrième texte que tu ne liras pas…

OP
M3

Mangeur3H

il y a 3 mois

Lunarwave a écrit :
J'ai lu

Vivons nous notre vie en boucle ou c'est toujours de la nouveauté ?

On oscille entre les deux sans s'en rendre compte. D'un côté, on rejoue sans cesse les mêmes schémas, les mêmes erreurs, les mêmes émotions - comme si l'on était prisonnier d'un cercle invisible. Nos habitudes, nos réflexes, nos conditionnements nous ramènent toujours aux mêmes conclusions, aux mêmes impasses. C'est ce qui donne cette impression de boucle, d'éternel recommencement.

Mais en même temps, chaque instant est neuf. Même si on répète un geste mille fois, il n'est jamais exactement le même. Chaque respiration, chaque regard, chaque pensée est marquée par une infinité de micro-variations. Tout est mouvant, tout change imperceptiblement, et parfois, dans un simple détail, une faille s'ouvre, une nouvelle possibilité apparaît. C'est là que réside la nouveauté.

Alors vit-on en boucle ? Oui, tant qu'on ne perçoit pas ces fissures dans le temps. Mais à celui qui sait voir, à celui qui sait écouter, chaque instant est une première fois.

LU

Lunarwave

il y a 3 mois

Mangeur3H a écrit :

On oscille entre les deux sans s'en rendre compte. D'un côté, on rejoue sans cesse les mêmes schémas, les mêmes erreurs, les mêmes émotions - comme si l'on était prisonnier d'un cercle invisible. Nos habitudes, nos réflexes, nos conditionnements nous ramènent toujours aux mêmes conclusions, aux mêmes impasses. C'est ce qui donne cette impression de boucle, d'éternel recommencement.

Mais en même temps, chaque instant est neuf. Même si on répète un geste mille fois, il n'est jamais exactement le même. Chaque respiration, chaque regard, chaque pensée est marquée par une infinité de micro-variations. Tout est mouvant, tout change imperceptiblement, et parfois, dans un simple détail, une faille s'ouvre, une nouvelle possibilité apparaît. C'est là que réside la nouveauté.

Alors vit-on en boucle ? Oui, tant qu'on ne perçoit pas ces fissures dans le temps. Mais à celui qui sait voir, à celui qui sait écouter, chaque instant est une première fois.

Merci pour ta réponse

OP
M3

Mangeur3H

il y a 3 mois

Lunarwave a écrit :

Merci pour ta réponse

Merci pour ta question

LU

Lunarwave

il y a 3 mois

Tu parle de la bête de l'Apocalypse qui va revenir à la vie. ?

Apocalypse 13:3
Et je vis l'une de ses têtes comme blessée à mort; mais sa blessure mortelle fut guérie. Et toute la terre était dans l'admiration derrière la bête.

Selon moi la bête est l'humanité qui va revenir à la vie.

l'autre bete est Dieu/l'un celui qui anime l'humanité

OP
M3

Mangeur3H

il y a 3 mois

Lunarwave a écrit :
Tu parle de la bête de l'Apocalypse qui va revenir à la vie. ?

Apocalypse 13:3
Et je vis l'une de ses têtes comme blessée à mort; mais sa blessure mortelle fut guérie. Et toute la terre était dans l'admiration derrière la bête.

Selon moi la bête est l'humanité qui va revenir à la vie.

l'autre bete est Dieu/l'un celui qui anime l'humanité

Il est difficile d'associer la fin d'un monde artificiel à autre chose que la naissance d'un monde meilleur, car l'artificiel, par essence, est un simulacre, un détournement du réel qui ne peut se maintenir que dans l'illusion. Lorsqu'il s'effondre, il ne laisse pas un vide, mais un retour à ce qui a toujours été là, à ce qui ne dépendait pas de lui pour exister.

Les textes comme l'Apocalypse participent des cultes de l'artificialité et du reniement de la Bête, parce qu'ils transforment ce retour inévitable en une menace, en une catastrophe. Ils imposent une lecture où la fin du mensonge ne pourrait être que le chaos, alors qu'en réalité, elle est une libération. L'image de la Bête blessée à mort, puis guérie, est celle d'une humanité à qui l'on a imposé une déchirure, une domestication, et qui, pourtant, porte en elle la capacité de renaître à sa véritable nature.

Je ne crois pas qu'il s'agisse de deux bêtes distinctes dans ce verset.