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Cette semaine, Le Figaro Magazine consacre sa « Une » au Groupe SNCF pour dénoncer le prétendu « scandale des cheminots ». Unilatéralement, sans aucun dialogue avec nous ni possibilité d'exprimer notre point de vue.

En tant que président du Groupe, cheminot depuis 44 ans, je trouve ce choix éditorial sidérant. S'il est coutumier que la SNCF soit une cible facile, jamais je n'accepterai que les cheminots soient ainsi montrés du doigt et stigmatisés.

On parle de 150 000 personnes en France. Et de leurs familles.

La réalité des métiers du ferroviaire est méconnue, leur technicité comme leur pénibilité. 150 000 salariés font circuler en sécurité 15 000 trains par jour. Ils sont à pied d'œuvre en gare, dans les trains, dans les centres de maintenance, dans les postes d'aiguillage, 7j/7h, 24h/24h, 365j/an, sans parler des lourds travaux la nuit, par tous les temps. A pied d'œuvre non seulement au quotidien mais aussi dans les périodes difficiles pour le pays, lors du Covid-19 ou encore le 26 juillet dernier, quand il a fallu réparer le réseau à grande vitesse en seulement deux jours, après un sabotage national le jour d'ouverture des JO de Paris 2024.

L'entreprise vit des transformations profondes. Le recrutement au « statut » cheminot n'existe plus depuis 2020, le monopole ferroviaire non plus, la concurrence est désormais généralisée. SNCF Voyageurs a remporté 4 appels d'offres sur les 7 ouverts par les Régions depuis 2020. C'est dire à la fois la qualité de nos offres et notre niveau de compétitivité. Nous sommes choisis et non plus subis. C'est vrai également en matière RH. Comme toute entreprise, la SNCF doit attirer et fidéliser ses clients, tout comme ses talents. Nous recrutons 8 000 personnes en CDI chaque année ; qui va s'en plaindre ? Comme pour la plupart des employeurs, cela se traduit par un package englobant rémunération et avantages sociaux proposés à chaque salarié. Je suis fier de protéger les cheminots et de leur permettre de se développer dans l'entreprise. Le progrès social est de mise à la SNCF. Où est le problème ?

L'entreprise gagne de l'argent et ne coûte plus rien aux Français. Pour le 6ème semestre consécutif, nous sommes dans le vert. Nous avons tourné le dos au déficit et la dette est maîtrisée. Grâce à nos bénéfices, nous investissons massivement dans le réseau ferré national et dans l'achat de nouveaux TGV pour mieux satisfaire nos clients. Je conteste les additions fallacieuses faites par certains qui instrumentalisent les chiffres.

Il n'aura échappé à personne que la SNCF a une longue histoire sociale. Il arrive que des mouvements sociaux affectent le quotidien des Français qui, je le comprends parfaitement, attendent de notre part que leur train circule. Je suis toujours déçu et désolé quand l'entreprise fait défaut à ses clients. C'est pourquoi je suis un infatigable du dialogue social. En 2024, nous avons signé cinq accords d'entreprise avec les organisations syndicales représentatives, ce qui n'était jamais arrivé à la SNCF. La conflictualité est en baisse à la SNCF depuis quatre ans. Il ne faut pas confondre menace de grève et grève effective.

Que les Français soient exigeants avec la SNCF, c'est normal, et je partage cette exigence. Que notre entreprise publique, les cheminotes et les cheminots servent de boucs émissaires à toutes les passions du moment et alimentent des marronniers médiatiques sans nuance, provoque chez moi un sentiment d'incompréhension et de révolte. Car derrière ce « cheminots bashing », des femmes et des hommes œuvrent chaque jour pour vous rendre le meilleur service. Ne l'oubliez pas.

Je serai toujours du côté des cheminots quand ils sont attaqués de manière injuste et excessive.

Quand pensaient-vous ?