À Andrinople, ce n'est pas seulement une armée qui tombe : c'est l'Empire romain lui-même qui s'écroule, frappé en plein cœur par le poids de son déclin.

L'aura d'un empire craint de tous se fissure. L'ombre qu'il projetait n'effraie plus. Sa supériorité militaire, longtemps acquise, est brutalement remise en cause. L'empire Romain perd l'élite de son armée et ce qu'elle compte de soldats expérimentés, d'officiers, de généraux... et jamais plus Rome ne parviendra à reconstituer une armée aussi puissante, homogène et disciplinée (à l'inverse de Cannae, par exemple).
Dès lors, Rome devient massivement dépendante des "barbares" pour constituer et faire fonctionner son armée (ex: Alaric avec Théodose).

C'est cette bataille précise qui marque le début d'un processus irréversible de déclin dans la moitié occidentale de l'empire. C'est cette défaite qui ouvre la voie aux événements qui mèneront à la chute de Rome elle-même.

L'empire ne parvient plus à reprendre pleinement le contrôle de ses frontières. Le désastre est si lourd qu'il livre les provinces balkaniques de l'empire à la merci des hordes gothiques, qui ravagent tout sur leur passage, n'épargnant ni bourg, ni village, ne trouvant de gloire que dans le sang et la destruction et ne laissant derrière eux que ruines, cendres et cadavres.

Cet épisode est pourtant le prélude d'une tragédie plus vaste encore, ouvrant la voie à d'autres drames plus irréparables encore, comme celui du passage des Suèves, des Alains et des Vandales (cf. traversée du Rhin en décembre 406) qui aboutira, au terme de quelques décennies, à la chute de Carthage et, avec, à celle de l'empire d'occident.