Je me permets de faire 2-3 rappels car j'habite en Argentine

Ca déjà été mentionné mais l'autre réalité c'est :

- L'inflation a baissé car les gens crèvent de faim et ont arrêté de consommer. Les gens issus de milieux pauvres peuvent parfois à peine se nourrir. Face à cela, les prix dans les supermarchés qui ont continué d'augmenter (bien au-dessus du niveau de l'inflation), sont à moitié gêlés par la grande distribution qui propose des discounts à tout va pour ramener les produits au prix d'il y a 3 mois. Mais parfois tu te retrouves avec des produits random hyper chers sans discount, du style 200g de jambon à 5 euros. C'est un calvaire pour tout le monde au quotidien de passer son temps à regarder les discounts dans chaque supermarché, qui changent d'une semaine sur l'autre, pour pouvoir faire ses courses.
- La pauvreté a explosé, le nombre de gens dormant dans la rue n'a jamais été aussi élevé (j'ai vu l'évolution de mes propres yeux).
- Le chômage a aussi augmenté. Les jeunes perdent foi en leur pays (c'était déjà le cas avant, certes)... en même temps... les prix augmentent, les salaires ne suivent pas, et tu te retrouves à te tuer la tâche pour gagner 400 euros par mois.
- Les universités (quasi toutes publiques) gratuites ont vu leur budget divisé par 3 environ. Résultat, elles devaient couper l'électricité à 12h et faire le reste des cours dans le noir, pour économiser. Ca a mené à des gros mouvements contestataires et été un peu ré-évalué, mais c'est pas encore ça. Globalement, l'éducation publique en prend un sacré coup dans le pays qui va devenir encore plus inégalitaire.
- Le peso est totalement sur-évalué par la Banque centrale qui n'est pas du tout indépendante. Actuellement 1 euro = 1050 euros au taux officiel, 1200 sur les marchés "secondaires", alors que la plupart des analystes s'accordent à dire que sa valeur réelle serait à plus de 2000 euros s'il était pas manipulé par le gouvernement. Ce dernier, en gros, attend que le "spread" entre l'officiel et celui du marché secondaire (pro Milei d'ailleurs) se réduise au max pour lâcher les vannes. Tout est complètement artificiel. Marrant pour un ultra libéral.

La classe moyenne, importante en Argentine, s'en sort car elle vit sur ses économies. Elle ne peut même plus partir en vacances, et ceux qui le peuvent se barrent au Brésil car l'Argentine devient trop cher (le comble).

Sauf que l'Argentine c'est pas le tiers-monde. La qualité des services publics est (était) proche d'un pays occidental. L'éducation est de très bonne qualité. L'architecture est européenne. C'est choquant de voir ça.

Maintenant, je souhaite à Milei de réussir car ce formidable pays en a vraiment besoin. Mais gardez en tête que même s'il réussit (il y a aussi bcp d'argentins qui sont optimistes pour cela et donc acceptent la situation sans trop broncher), ce sera pas fait sans de gros gros dégâts. Et il y a pleins d'autres sujets sociétaux dont j'ai pas parlé.