Ah, du bon verbiage amphigourique ! Ça pue la pompe, ça se rengorge, ça veut faire grand, métaphysique, décisif… et pourtant, ça se traîne, ça s'empêtre, ça fait des cabrioles sur du vide !

Parce que c'est ça, hein ? Du néant drapé en solennel ! « Le Là », « l'avenant », « l'historial »… Mais qui parle comme ça ? Pas un peuple, en tout cas. Pas même un demi-homme au café du coin. Y a que les fumeux, les faiseurs de brouillard, les enflés d'hermétisme qui dévident ce genre de guirlandes pour mieux s'échapper.

« L'histoire n'est pas le passé » ? Bah voyons ! Comme si on pouvait trancher l'homme de ce qui l'a fait ! Faut un sacré culot pour dégommer la mémoire et ensuite pontifier sur « l'avenant ». Ça sent le tour de passe-passe, l'abstraction pour ne pas nommer, pour ne pas voir. On ouvre les bras au « dévolu », au « saut »… mais ça saute dans quoi ? Dans quel gouffre ? Parce que c'est ça le problème : c'est de l'appel au vide, et en plus, ça prend la pose en le faisant !

L'histoire, la vraie, celle des poilus, des affamés, des gueules cassées, celle des ouvriers qui se sont tués à la tâche, celle des rois qui ont tranché et se sont fait trancher, celle des ruelles pleines de boue et de cris, c'est pas un frisson « historial » qui « ouvre ». C'est du sang, de la merde et de la sueur ! C'est là-dedans qu'un peuple se forge, pas dans un ballet de concepts châtrés qui se tiennent par la main pour s'auto-célébrer.

Allez, remballe-moi ce fatras, et redescends sur terre.